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SALOMON ERICH (1886-1944)

Le photographe Erich Salomon est né le 28 avril 1886 à Berlin. Une famille juive, issue des milieux de la banque et de l'édition, laisse envisager un avenir brillant pour le jeune garçon. Esprit ouvert, il aborde la zoologie avant de se tourner vers des études d'ingénieur pour finalement choisir le droit. Il étudie à Munich puis à Berlin où il obtient son doctorat en 1913. Appelé à servir dans l'armée impériale pendant la Première Guerre mondiale, il est fait prisonnier à la bataille de la Marne. Quatre années de captivité lui donnent le loisir de parfaire son français.

L'inflation qui, après la guerre, ruine sa famille, contraint Erich Salomon à gagner sa vie, d'abord à la Bourse de Berlin, puis dans une fabrique de pianos de Duysen. L'entreprise fait faillite en 1922 et Salomon crée une agence de location de voitures électriques et de side-cars, assurant à l'occasion le rôle de chauffeur. À la faveur d'une de ces courses, Erich Salomon entre en contact avec la société d'édition Ullstein qui l'embauche en 1925 dans son service de publicité. Des litiges sur l'emplacement de panneaux de réclame l'amènent à prendre quelques photographies, versées aux dossiers des avocats d'Ullstein. Cette première expérience décide d'une nouvelle vocation. Il achète une chambre photographique Contessa-Nettel 13 × 18 cm qu'il juge vite encombrante, la change pour un appareil moyen format 4,5 × 6 cm, un Ermanox équipé d'un objectif assez lumineux pour permettre des prises de vues d'intérieur, en éclairage ambiant.

Dès lors, Salomon ambitionne de prendre en photo tout ce qui est réputé inaccessible au reportage. Ses images de tribunaux, saisies avec son Ermanox dissimulé dans un chapeau discrètement percé pour découvrir l'objectif lui valent ses premières publications dans le prestigieux Berliner Illustrierte Zeitung. Habile à gérer ses succès, Salomon s'impose comme photographe de presse indépendant et collabore avec le Münchener Illustrierte, The Graphic, Fortune. Son titre universitaire, la maîtrise de plusieurs langues étrangères, la connaissance des protocoles et un habit de soirée toujours impeccable ouvrent toutes les portes au « Dr Salomon ». Les milieux politiques de l'entre-deux-guerre deviennent son terrain de prédilection. S'étant une fois pour toutes interdit l'usage du flash, s'ingéniant à varier les manières de dissimuler son appareil ou du moins à déclencher sans donner l'impression de viser, Salomon accumule les clichés spontanés des personnalités, dans la lumière naturelle des congrès, dans l'ambiance feutrée des couloirs et des salons. La conférence de Genève de la Société des Nations, la signature à Paris du pacte Briand-Kellogg donnent, dès 1928, le départ d'une carrière singulière qui se développe l'année suivante avec la première conférence de La Haye. Profitant de la proximité de Londres, Salomon s'introduit dans le banquet très fermé de la Royal Academy dont il saisit les convives à leur insu et parvient à photographier la Cour suprême anglaise de justice.

Une commande de Fortune le conduit une première fois aux États-Unis où il réalise des images promises à la célébrité, un portrait intime de Marlène Dietrich, des vues de la vie privée de William Randolf Hearst, le président Hoover à table. Connu dans la presse d'information, Erich Salomon l'est aussi des hommes politiques qui apprécient ce petit homme élégant, discret et cultivé. Aristide Briand manifeste ouvertement sa sympathie et son estime à ce « roi des indiscrets », allant jusqu'à réclamer sa présence pour cautionner le sérieux des délibérations internationales. En 1931, pour le lancement de son livre Contemporains célèbres photographiés à des moments inattendus, Erich Salomon[...]

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