KORNGOLD ERICH WOLFGANG (1897-1957)
Retour à la musique pure
Alors que la fin du conflit mondial se précise, Korngold revient à la musique « sérieuse ». En 1944 et 1945, il compose son Troisième Quatuor à cordes. Le 15 février 1946, Jascha Heifetz crée son Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, dédié à Alma Mahler-Werfel. Brillamment écrit pour l'instrument soliste, ce concerto rencontrera la faveur de nombreux virtuoses : Ulf Hoelscher, Itzhak Perlman, Gil Shaham... À l'âge de cinquante ans, Korngold subit une première attaque cardiaque très violente qui l'empêche de retourner en Europe. Les années qui lui restent à vivre vont être marquées par quelques-unes de ses meilleures compositions, parmi lesquelles un Concerto pour violoncelle (1946), qui utilise des thèmes de la musique écrite pour Deception, une Sérénade symphonique, créée par Wilhelm Furtwängler à la tête de l'Orchestre philharmonique de Vienne le 15 janvier 1950, une Symphonie en fa dièse majeur, écrite de 1947 à 1952. Du drame qu'il vit avec la maladie – il se sait condamné à très court terme –, nulle trace ne transparaît dans sa musique, qui paraît sans ride.
De retour à Vienne en 1949, Korngold ne reconnaît pas son pays. Il n'y retrouve pas non plus sa place : son style n'y est plus apprécié. Considéré comme un représentant démodé du romantisme postwagnérien, méprisé, il retourne aux États-Unis en 1951, refusant de prendre part à la querelle des anciens et des modernes lancée par la seconde école de Vienne mais, surtout, par des théoriciens « terroristes » comme Adorno. Ce dernier considère en effet les compositeurs qui n'ont pas adopté la voie de Schönberg – le dodécaphonisme sériel – comme des traîtres et des dissidents !
En 1954, on lui demande d'écrire la musique du film Magic Fire (Trois Femmes l'ont aimé), de William Dieterle, qui relate la vie de Richard Wagner (1955). Trouvant le film déplorable, il décide malgré tout d'écrire la musique « pour sauver Wagner ». Après s'être acquitté de cette lourde tâche, qui se solde par un échec à cause de la mauvaise qualité du scénario, il décide d'affronter de nouveau le Vieux Continent pour écrire un nouvel opéra d'après une nouvelle de Franz Grillparzer, Das Kloster bei Sendomir, mais une deuxième crise cardiaque et une attaque le terrassent et le rendent définitivement invalide. Un an après, le 29 novembre 1957, il meurt à Hollywood d'une thrombose cérébrale.
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Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
Classification
Média