ASPLUND ERIK GUNNAR (1885-1940)
L'œuvre d'Asplund, dans la première moitié du xxe siècle, est exemplaire d'une architecture qui défend sans préjugés les nouveaux modes de communication propres à la civilisation technologique naissante. Son œuvre s'articule en plusieurs phases : il commence sa carrière dans le style « historique » qui brisait avec le modern style ; après la Première Guerre mondiale, commence une courte période d'un style « néo-classique », inspiré des lourds monuments du passé. Asplund se consacre ensuite, vers 1930, aux nouvelles méthodes de construction et à l'analyse des fonctions de l'habitat, dans le sillage du fonctionnalisme d'Otto Wagner ; sa dernière œuvre, le Cimetière de la forêt, est un pas définitif vers l'avenir, bien qu'elle comporte des éléments apparentés à la mentalité romantique de la fin du xixe siècle.
Asplund fit ses études d'architectes à l'École technique supérieure et à l'Académie des beaux-arts de Stockholm et commença à exercer en 1909. En 1913 et 1914, il s'instruisit en visitant la Grèce et l'Italie. Parmi ses premières réalisations, il faut retenir le Cimetière sud de Stockholm (1918-1920) et sa chapelle, qui reste un exemple du néo-classicisme du xxe siècle, la villa Snellman à Djursholm (1917), le cinéma Skandia (1922-1923) à Stockholm et tout particulièrement la Bibliothèque municipale de Stockholm (1924-1927). Ces deux dernières constructions, par leur austérité classique, le placent dans le courant de la première génération d'architectes fonctionnalistes (les frères Perret, Berlage) : le cinéma Skandia, au graphisme rectangulaire strict, fut très remarqué à l'époque ; la bibliothèque apparaît comme un parallélépipède couronné d'un cylindre : une salle centrale de forme circulaire enserrée de trois côtés par des blocs rectangulaires (salles de lecture). Cette rigidité architectonique est contemporaine de découvertes archéologiques égyptiennes (tombeau de Toutânkhamon). En Allemagne, l'exposition de Stuttgart (1927), organisée par Mies Van der Rohe, rassemblait Gropius, Oud, Le Corbusier, mettant l'accent sur la standardisation de la maison et de son ameublement. Trois ans plus tard, l'exposition de Stockholm traduit les idées de Gropius (suppression de tout élément « décoratif ») ; Asplund en est l'architecte en chef. Il conçoit l'exposition dans un environnement tout de verre, acier et béton ; son restaurant Le Paradis et ses grands halls d'exposition rassemblent les éléments formels de la nouvelle architecture européenne (supports légers, murs de verre, tour aux brise-soleil colorés). En 1931, il participe au manifeste suédois Acceptera, impliquant le programme de Le Corbusier. Il dessine les plans du magasin Bredenburg à Stockholm (1933), exempt de tout compromis nationaliste, plusieurs plans d'institutions scientifiques à l'extérieur de Stockholm et l'annexe de l'hôtel de ville de Göteborg (1934-1937). Puis il renonce au fonctionnalisme dans ce qu'il gardait de dogmatique pour se tourner vers une production plus « subjective » : le Crématorium de Skogskyrkogården (1935-1940), près de Stockholm, sa dernière œuvre, tenue pour une réussite sémiologique, où l'architecture et le paysage ne font qu'un : un portique aux colonnes nues ouvre sur un ensemble de trois chapelles ; le crématorium lui-même, implanté sur une colline, domine un étang qui reflète une grande croix de marbre se découpant sur le ciel. Ce travail est à rapprocher des recherches du groupe berlinois Zehnerring (l'organicisme de Hugo Häring) sur la structuration complexe de l'image architectonique.
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Écrit par
- Christian BONNEFOI : docteur en histoire de l'art, chargé de recherche à l'École pratique des hautes études
Classification
Autres références
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ARCHITECTURE : BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES ET UNIVERSITAIRES, XXe SIÈCLE - (repères chronologiques)
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