BLANC ERNEST (1923-2010)
Considéré comme le plus grand baryton français de la seconde moitié du xxe siècle, Ernest Blanc naît à Sanary-sur-Mer, le 1er novembre 1923. Il exerce d'abord le métier de tourneur à l'arsenal de Toulon. En 1946, le directeur du conservatoire de cette ville l'entend chanter et, conquis par ses dons, le persuade de s'inscrire dans son établissement. Ernest Blanc en sort en 1949, avec un prix d'excellence. Il débute à l'Opéra de Marseille en 1950, dans le rôle de Tonio (Paillasse de Leoncavallo). En 1954, il triomphe au Palais-Garnier, à Paris, dans le rôle-titre de Rigoletto de Verdi. Engagé par l'Opéra de Paris, il inscrit à son répertoire Valentin (Faust de Gounod), Amonasro (Aïda de Verdi), le Grand Prêtre (Samson et Dalila de Saint-Saëns), Wolfram von Eschenbach (Tannhäuser de Wagner), Renato (Un bal masqué de Verdi), le rôle-titre de Don Giovanni de Mozart... Le 15 avril 1955, il participe, au Palais-Garnier, à la création de la tragédie lyrique Numance de Henry Barraud (rôle de Théogène, aux côtés de Rita Gorr, d'Alain Vanzo, de Jean Giraudeau). À l'Opéra-Comique, il incarne Zurga (Les Pêcheurs de perles de Bizet), Tonio...
Wieland Wagner l'appelle à Bayreuth, où il est un exceptionnel Friedrich von Telramund (Lohengrin) en 1958 et en 1959, aux côtés de Leonie Rysanek (1958) et d'Elisabeth Grümmer (1959) – Elsa –, d'Astrid Varnay (1958) – Ortrud – et de Sándor Kónya – Lohengrin – sous la baguette d'André Cluytens (1958) et de Lovro von Matačić (1959). Ce seront ses seules apparitions sur la colline sacrée : « Bayreuth vous mange la moitié de l'été », dira-t-il. Affirmant que son équilibre familial est indispensable à son épanouissement artistique, il modère sa carrière internationale. Il apparaît à la Scala de Milan, où il triomphe en 1960 en Escamillo (Carmen de Bizet) sous la baguette de Nino Sanzogno, aux côtés de Giulietta Simionato – Carmen – et de Giuseppe Di Stefano – Don José ; il reviendra à la Scala en 1970 et 1971 (le Grand Prêtre), sous la direction de Georges Prêtre, et en 1972 (Escamillo, sous la baguette de Prêtre, au côté de la Carmen de Fiorenza Cossotto). Il se produit à San Francisco (1959), à Glyndebourne (1960), à Édimbourg, au Covent Garden de Londres (1961), au Metropolitan Opera de New York et à la Deutsche Oper de Berlin (1963)... Son répertoire s'est élargi – il s'étend d'Iphigénie en Tauride de Gluck (Oreste) et de I Puritani de Bellini (Riccardo Forth) à Thaïs de Massenet (Athanaël) – mais il se montre très exigeant dans le choix de ses rôles. Après une éclipse, il revient à Paris, à l'instigation de Rolf Liebermann, administrateur général de l'Opéra de Paris depuis 1973. Il incarne le Comte de Luna (Le Trouvère de Verdi, 1976), le Grand Prêtre (1978), le rôle-titre du Château de Barbe-Bleue de Bartók (Salle Favart, 1980), Golaud (Pelléas et Mélisande de Debussy), le Père (Louise de Gustave Charpentier). Ernest Blanc fait ses adieux en 1987, à l'Opéra de Nice, en Lescaut (Manon de Massenet). Homogénéité du timbre, musicalité innée, puissance de sa voix sur une large étendue, diction impeccable : mort le 22 décembre 2010 en Gironde, il fut un des plus grands interprètes des rôles de baryton héroïque.
Dans sa discographie, on retiendra les références que demeurent les enregistrements de Faust (Valentin, avec Victoria de Los Angeles, Nicolai Gedda, Rita Gorr et Boris Christoff, Chœurs et Orchestre du Théâtre national de l'Opéra de Paris, dir. André Cluytens, 1958), Lohengrin (Telramund, enregistré au festival de Bayreuth en 1958, avec Sándor Kónya, Leonie Rysanek, Astrid Varnay, dir. André Cluytens ; enregistré au festival de Bayreuth en 1959, avec Sándor Kónya, Elisabeth Grümmer, Astrid Varnay, dir. Lovro von Matačić), Carmen[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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