CHAUSSON ERNEST (1855-1899)
Compositeur français né à Paris, un des principaux disciples de César Franck, Ernest Chausson fit dans une certaine mesure le lien entre celui-ci et Debussy, son ami et protégé. Après des études de droit, il n'entre au Conservatoire qu'à l'âge de vingt-cinq ans, dans les classes de Massenet et de Franck (dont il suivra aussi l'enseignement à titre privé, et qu'il soutiendra ensuite autant qu'il le pourra). Passionné par Wagner, il se fait entendre pour la première fois en public avec son Trio op. 3, qui passe inaperçu (1882). Le 31 mars 1883 est présentée sa première grande œuvre d'orchestre, le poème symphoniqueViviane op. 5, d'après la légende de la Table ronde. Jusqu'en 1886, il travaille notamment à Hélène, drame lyrique op. 7, demeuré inédit, et achève la même année Solitude dans les bois, poème symphonique op. 10, accueilli avec faveur mais qu'il détruira par la suite. Secrétaire avec Vincent d'Indy (1886) de la Société nationale de musique, dont Franck devient président, il termine en juin 1890 le Poème de l'amour et de la mer op. 19, un des sommets de la mélodie avec orchestre, dirige en première audition le 18 avril 1891 sa Symphonie en si bémol op. 20, une des plus considérables, dans sa puissance sans lourdeur, de la musique française de la fin du xixe siècle, tandis que son fameux Concert en ré majeur pour piano, violon et quatuor à cordes op. 21 est créé par Eugène Ysaÿe à Bruxelles en 1892. À la fin de 1893, il achève l'orchestration de son drame lyrique en trois actes Le Roi Arthus op. 23, auquel il travaille depuis sept ans, mais qui ne sera représenté qu'en 1903. En décembre 1896, Ysaÿe joue à Nancy son chef-d'œuvre, le Poème pour violon et orchestre op. 25, fondé en une atmosphère mystérieuse et obsédante sur une nouvelle de Tourgueniev, Le Chant de l'amour triomphant. Il écrit encore Serres Chaudes op. 24, cinq mélodies pour chant et piano sur des poèmes de Maeterlinck (création en avril 1897) et un Quatuor pour piano et archets op. 30 (1897) ; il meurt d'un accident de bicyclette lors d'un séjour dans sa propriété de Limay en laissant inachevé son Quatuor à cordes en ut mineur op. 35 (Vincent d'Indy en complétera le troisième mouvement mais renoncera sagement à en faire autant pour le dernier) et, sous forme d'esquisses, une deuxième symphonie. Bien qu'à certains égards le plus proche de Franck parmi tous ses disciples, en particulier dans ses grandes architectures cycliques de musique pure (Symphonie op. 20, Concert op. 21), et par-delà l'emprise qu'exerça sur lui Richard Wagner (mouvement lent de la Symphonie, Le Roi Arthus), Chausson disposa d'une palette aux raffinements déjà impressionnistes. Une mélancolie persistante cerne sa production entière, reflet de son tempérament anxieux, de ses doutes sur lui-même. Ses dernières œuvres (Quatuors op. 30 et op. 35) le montrent s'orientant vers un art plus épuré, plus concis.
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Écrit par
- Marc VIGNAL : musicologue, journaliste
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