PIGNON-ERNEST ERNEST (1942- )
Rites de la mort et de la vie à Naples
Ses œuvres les plus riches, les plus complexes, les plus émouvantes, Ernest Pignon-Ernest les a sans doute réalisées à Naples, au cours de quatre séjours (en 1988, en 1990, en 1993 et en 1995).
À Naples, il pense les rapports entre la mort et la vie, entre la mort dont on plaisante et celle qui fait pleurer, entre les pompes de la mort et sa misère, entre la mort que l'on donne aux autres et celle qui vous frappe, entre la mort et les dieux souterrains, entre les rites païens et les rites chrétiens. Il cite des tableaux de Caravage et reprend les gestes peints par les peintres napolitains du xviie siècle ; il les reprend avec une heureuse liberté, avec une infidélité volontaire, afin de rendre plus lisibles et plus bouleversants les corps placés en hauteur dans une rue étroite, ou d'autres corps situés dans un soupirail, tout près de dalles en lave noire.
À Naples, il montre des ensevelissements et des résurrections. Il rêve aux Enfers décrits par Virgile. Il se souvient du voisinage de Pompéi et d'Herculanum, cités ensevelies et protégées par leur disparition provisoire. Ses œuvres tendent à manifester la proximité de la catastrophe et du miracle, de la mort et de l'érotique, à rappeler les cultes païens de fécondité et leur continuité masquée à l'intérieur du christianisme... À Naples, il a collé près de mille dessins et sérigraphies. « Ça fait, dit-il, que j'ai caressé, que je connais les murs de Naples, leur texture, jusqu'au bout des doigts. »
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Écrit par
- Gilbert LASCAULT : professeur émérite de philosophie de l'art à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, critique d'art, écrivain
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