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FEDERN ERNST (1914-2007)

Né à Vienne dans une famille de la bourgeoisie juive assimilée, Ernst Federn était le fils du neurologue devenu psychanalyste Paul Federn (1871-1950), lui-même fils de médecin et neveu d'un célèbre rabbin de Prague. L'un des proches et des plus anciens disciples de Freud, Paul Federn devint son représentant officiel en tant que vice-président de la Société psychanalytique de Vienne de 1924 à 1938. Il fut aussi, avec Victor Tausk, l'un des pionniers dans l'application de la psychanalyse aux psychoses.

Ernst Fedrn aurait voulu devenir socio-pédagogue comme August Aichhorn, mais suit finalement la tradition familiale et étudie la médecine. Partageant les convictions socialistes de son père, il milite au sein des Socialistes révolutionnaires d'Autriche (Revolutionären Sozialisten Österreichs), un parti trotskiste créé après l'interdiction du Pari socialiste autrichien (S.D.A.P.), en 1934. Peu après l'Anschluss, alors que son père est parvenu à émigrer aux États-Unis, il est arrêté, accusé de haute trahison et envoyé au camp de concentration de Dachau. Il est ensuite transféré au camp de Buchenwald, où il reste jusqu'à la fin de la guerre. Survivant à ces sept années d'internement « comme par miracle », comme il le dit lui-même, il émigre aux États-Unis, à Cleveland. Mais il ne se fait pas à la vie américaine et revient s'installer à Vienne après la mort de son père. Il devient à son tour membre de la Société psychanalytique de Vienne.

Dans les années 1970, à la demande du ministère de la Justice, il participe à la réforme du Code pénal et réussit à faire entrer la psychanalyse dans le milieu carcéral. Son expérience de la vie concentrationnaire le guide dans son activité de thérapeute dans les prisons : conseils, consultations, voire psychothérapies pour les détenus, ainsi que formation pour les gardiens. Cette approche unique en son genre a permis à beaucoup de prisonniers dits « irrécupérables » de se réadapter. L'Autriche lui doit en partie l'amélioration de son système pénitentiaire.

Ernst Federn est l'auteur de nombreux articles et essais en histoire de la psychanalyse. Passée presque inaperçue à l'époque, sa publication, en collaboration avec Hermann Nunberg, des comptes rendus des réunions de la « Société du Mercredi » chez Sigmund Freud revêt une importance capitale (Minutes of the Vienna Psychoanalytic Society, 4 vol., New York, 1962, trad. franç. Les Premiers Psychanalystes, 1976). Il a également publié des lettres entre Freud et son père et, dans la Revue Internationale d'Histoire de la Psychanalyse, « La relation entre Paul Federn et Sigmund Freud : documents inédits ». Sur un plan plus théorique, son petit ouvrage Zur Psychoanalyse der Psychotherapien, publié en 1997, vise à expliciter la théorie et la thérapie des psychoses développées par son père.

— Michelle MOREAU-RICAUD

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Écrit par

  • : Maître de conférences à l'université, Docteur en psycholologie, secrétaire scientifique de l'association internationale d'histoire de la psychanalyse (A.I.H.P.)

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