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TOLLER ERNST (1893-1939)

Fils d'un commerçant juif, de la partie de la Pologne annexée alors par la Prusse, Ernst Toller s'engage volontairement lors de la Première Guerre mondiale. Réformé pour sa mauvaise santé, il devient un ardent antimilitariste et sa révolte remet radicalement en cause toutes les valeurs de la génération des pères : « La jeunesse allemande s'est engagée volontairement, sincèrement convaincue qu'elle devait défendre son pays et son peuple. La jeunesse allemande a été honteusement trompée, elle a été victime d'hommes sans foi ni loi, elle a été assassinée sur les champs de bataille. » Sa propagande pacifiste lui vaut des poursuites. Spartakiste à la fin de 1918, il prend part à la révolution de Munich avec Kurt Eisner, puis est membre du gouvernement révolutionnaire bavarois. Condamné à mort après l'écrasement des soviets de Bavière, il voit sa peine commuée en cinq ans de forteresse. C'est alors qu'il commence à écrire, sans jamais séparer sa création littéraire de son engagement de militant pacifiste.

Quatre drames expressionnistes forment l'essentiel de son œuvre, d'une véhémence toujours authentique, stylisant les personnages, faisant alterner les scènes irréelles et les épisodes réalistes. Après L'Évolution (Die Wandlung, 1919), L'Homme-foule (Der Masse-Mensch, monté par Piscator à Berlin en 1921) met en scène l'échec de l'idéal pacifiste devant la violence aveugle. En 1923, c'est Hinkemann, l'Allemand (Der deutsche Hinkemann) : le héros est un blessé de guerre éclopé qu'on exhibe dans les foires où il égorge des souris et des rats pour amuser la foule. Enfin dans Hop-là, nous vivons (Hoppla, wir leben, 1926), Toller fustige la société allemande de la république de Weimar, son chauvinisme, son absence de démocratie véritable. Le personnage principal de la pièce, Karl Thomas, ancien révolutionnaire condamné à mort, puis gracié, ne peut que regarder le monde avec dégoût. Il projette un attentat contre un ministre, mais un étudiant fasciste le devance. Thomas est néanmoins accusé du meurtre et choisit de se suicider.

Conclusion prémonitoire ? Chassé d'Allemagne par l'avènement de Hitler, Toller poursuit en exil son activité antifasciste, notamment en Espagne où il se dépense pour les enfants des réfugiés. Désespéré par l'abandon de la Tchécoslovaquie à Hitler et par le triomphe de Franco, il se pend à New York dans une chambre d'hôtel en mai 1939.

— Marie-Claude DESHAYES

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  • EXPRESSIONNISME

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    • 12 621 mots
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    ...pacifisme, puis vers des conceptions révolutionnaires. Beaucoup participent aux événements révolutionnaires de 1918-1920 : exemplaire l'engagement d' Ernst Toller à Munich, ce qui lui vaudra une condamnation à cinq ans de prison ferme. Et l'écrasement de la révolution en Allemagne, qui débouche sur une...