ÉROSION DU LITTORAL

Un phénomène global

Les processus et les formes de l’érosion côtière décrits précédemment conduisent donc à une perte de terrain au profit de la mer. Les plages s’amincissent, les dunes et les falaises reculent, les marais maritimes sont plus souvent ennoyés.

Ce phénomène trouvant son origine dans le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer, il est constaté sur l’ensemble des littoraux de la planète. En effet, quelle que soit la latitude (littoraux tempérés, tropicaux ou des hautes latitudes), l’érosion côtière peut être observée.

Ainsi, on considère aujourd’hui qu’au moins 70 p. 100 des plages du monde sont en érosion. Aux États-Unis, la majorité des côtes sont modérément à fortement érodées, notamment sur la façade atlantique où 86 p. 100 des plages dites « barrières » (plages séparant une lagune de la mer) ont été en érosion pendant les 100 dernières années. En Chine, l’érosion demeure également un problème majeur dans les zones basses avec des taux de recul pouvant atteindre jusqu’à 300 m/an, comme à l’embouchure de la rivière Luanhe.

En 2004, les spécialistes estiment que 20 000 kilomètres de côte étaient en recul en Europe, soit 20 p. 100 du linéaire côtier de l’Union européenne. La superficie terrestre perdue ou largement endommagée par l’érosion est ainsi estimée à 15 kilomètres carrés par an. En France, un quart du littoral métropolitain s’érode et la moitié des côtes sableuses sont en recul. Les régions Aquitaine et Languedoc-Roussillon, constituées d’un continuum sableux, figurent parmi les plus touchées.

La vulnérabilité des littoraux affectés par l’anthropisation

Les littoraux sont des espaces attractifs et très convoités. L’UICN (Union mondiale pour la nature) estime que plus de 60 p. 100 de la population mondiale vit dans la grande zone côtière, c’est-à-dire que 3,5 milliards de personnes sont installées à moins de 150 kilomètres du rivage. En France métropolitaine, les 885 communes littorales accueillent un peu plus de 10 p. 100 de la population sur seulement 4 p. 100 du territoire. Ces communes ont en outre une très forte capacité d’accueil touristique, qui est estimée à 7 millions de lits.

Par conséquent, les populations, les aménagements et les activités implantés sur ces littoraux sont fortement exposés à l’érosion, tout particulièrement pendant les événements extrêmes que constituent les tempêtes et cyclones.

La tempête Xynthia du 28 février 2010, qui a touché la métropole et particulièrement affecté les départements de la Charente-Maritime et de la Vendée, présente le triste bilan de 53 morts et 79 blessés, la plupart desquels sont directement liés au phénomène de submersion. Cependant, 2,5 milliards d’euros de dommages directs, dont près de 200 kilomètres de digues à reconstruire, sont directement imputables à l’érosion.

Plus récemment, l’hiver 2013-2014 a été particulièrement actif avec l’enchaînement de plusieurs fortes tempêtes successives provoquant le recul du trait de côte de plus de 20 mètres en deux mois, comme à Soulac-sur-Mer (33), menaçant d’effondrement l’immeuble Le Signal construit en 1967 à 200 mètres de la mer.

En Méditerranée, les tempêtes peuvent également générer une érosion et des dégâts importants. Sur le lido de Sète à Marseillan (plage-barrière entre la mer et l’étang de Thau), le recul de la côte peut atteindre jusqu’à 20 mètres, comme ce fut le cas en 2011. Avant que leur tracé soit modifié, les 11 kilomètres de route nationale qui l’empruntaient étaient partiellement détruits chaque année, entraînant un coût moyen d’entretien de 230 000 euros par hiver.

Enfin, les cyclones affectent très lourdement les îles françaises d’outre-mer. L’année 2007 a été marquée par le passage du cyclone Gamède[...]