ÉROSION DU LITTORAL
La gestion de l’érosion côtière
De la défense de la côte…
Afin de prémunir les habitants des effets de l’érosion, la stratégie a longtemps été de construire des ouvrages de défense censés endiguer le phénomène. À cet effet, différentes solutions de génie côtier sont mises en œuvre. Sur les plages, afin de bloquer le sable transporté par la dérive littorale, des ouvrages transversaux (perpendiculaires à la côte), tels que des épis en enrochement, sont implantés. Des ouvrages longitudinaux (parallèles à la côte) sont également mis en place en mer (brise-lames) ou en haut de plage (perré, mur maçonné ou enrochement).
Certains versants des falaises, malgré la difficulté technique de la tâche, ont été intégralement stabilisés par de complexes parades géotechniques. Sur la côte des Basques à Biarritz (64), plusieurs techniques ont été conjuguées : renforcement des pieds de falaise avec établissement de digues constituées d’enrochements, drainage des écoulements d’eau issus de la nappe phréatique, stabilisation du flanc de falaise par « talutage » ou réalisation de parois en béton, etc.
…à la gestion intégrée du trait de côte
Cependant, ces techniques lourdes de défense présentent des limites. Celles-ci sont tout d’abord budgétaires, en particulier pour les falaises, dont la protection nécessite des sommes considérables avec peu de garantie de l’arrêt total du recul (à Biarritz, les protections subissent des détériorations, si bien que les travaux ont été arrêtés). D’autre part, sur les cordons sédimentaires, l’implantation d’un ouvrage de protection génère certes des effets bénéfiques locaux, mais déporte le problème à proximité.
Récemment, des solutions douces sont plus souvent mises en œuvre afin de pallier ces inconvénients. L’objectif n’est plus de lutter contre la mer, mais de gérer le phénomène en accompagnant les processus naturels. Sachant que la mer aura toujours le dessus, on ne cherche pas à résoudre définitivement le problème, mais plutôt à proposer une solution suffisante pour assurer une défense contre des phases modérées d’érosion, tout en ayant conscience de la nécessaire cyclicité des interventions.
Dans cet esprit, plusieurs techniques ont été conçues. Sur les plages, les plus répandues sont le rechargement artificiel en sable et le by-pass (pontage sédimentaire) qui permettent de reconstituer le stock de sédiments. La restauration des dunes consiste à installer des brise-vent afin de favoriser la reprise d’une végétation adaptée permettant de fixer le sable. Pour les falaises, lorsqu’elles sont possibles, les solutions douces se limitent au reprofilage et à la végétalisation du versant.
Afin de mieux gérer le risque de recul du trait de côte, un autre levier consiste à limiter la concentration des enjeux en bord de mer. À cette fin, diverses démarches sont mises en œuvre. Tout d’abord, l’achat de terrains littoraux par la sphère publique (National Trust en Angleterre, Conservatoire du littoral en France) permet de les soustraire à la spéculation foncière et à l’urbanisation. Ces terrains sont le plus souvent conservés comme des espaces naturels où l’érosion suit son cours sans faire l’objet de mesure d’atténuation.
Dans les secteurs urbanisés, la réglementation (en France s’appliquent la loi littoral, les plans de prévention des risques, les plans locaux d’urbanisme, etc.) peut limiter la multiplication des risques en interdisant la construction dans les zones où l’érosion côtière est forte ou en imposant la mise en œuvre de principes de construction adaptés. Sur la côte est des États-Unis, de nombreuses habitations de bord de mer sont construites sur pilotis afin de ne pas bloquer le transit naturel du sable. Ces maisons sont même parfois intégralement transportées sur des camions et réimplantées plus en retrait de la côte. Ces exemples d’adaptation[...]
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Écrit par
- Ywenn DE LA TORRE : directeur du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de Guadeloupe
- Éric PALVADEAU : directeur régional du Bureau de recherches géologiques et minières, (B.R.G.M.) Rennes, responsable littoral régional
Classification
Médias