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ERREUR

Erreur, probabilité des causes, histoire

On a implicitement admis, dans ce qui précède, que, pour mettre en évidence l'éventuelle fausseté d'une hypothèse scientifique, on pouvait reproduire l'expérience et en contrôler les paramètres.

Le plus souvent, les conditions dans lesquelles s'effectue la recherche de la vérité sont tout autres : un événement – un accident ou une maladie, par exemple – se sont produits et l'on se propose d'en déterminer les causes. L'erreur, dans ce cas, a un double aspect, théorique et pratique.

Considérons l'établissement d'un diagnostic : un premier examen fait apparaître divers symptômes ; ces derniers, la plupart du temps, ne désignent pas d'une manière univoque telle maladie définie ; ils sont associés à plusieurs affections, d'une manière inégalement probable. Le problème du diagnostic sera, par des examens complémentaires, de tester les diverses hypothèses et, dans la mesure du possible, de conférer à l'une d'elles sinon le statut de « vérité », du moins un très haut degré de probabilité. Or, on le sait, il y a des cas où il faut traiter sans avoir résolu avec certitude la question de la cause.

De même, quand on reconstitue les circonstances d'un accident sur la base de traces et de témoignages, on se heurte à une difficulté du même ordre : comme on ne peut pas reproduire le passé, on ne remonte qu'à des causes probables, d'autant plus qu'une même trace ou effet – la déformation d'une pièce métallique, par exemple – peut résulter de processus différents.

Comme le notait A. A. Cournot, « la raison est plus apte à connaître scientifiquement l'avenir que le passé ». Cet apparent paradoxe vient de ce que, dans les sciences, il est plus malaisé, en général, de remonter des effets aux causes que de prévoir des effets, quand on connaît des lois régissant les phénomènes et leurs conditions initiales. Lorsqu'un énoncé concerne le passé, on ne le confronte jamais, par définition, à ce qui a eu lieu, mais à ce qui subsiste aujourd'hui encore de ce passé : documents, vestiges, monuments, témoignages, souvenirs. Il s'ensuit que l'erreur n'a pas le même statut dans les sciences et en histoire, dans la mesure où les prises de l'homme sur le passé et sur l'histoire sont plus incertaines que celles qu'il peut avoir sur des expériences qu'il est en mesure de reproduire.

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