ERTÉ ROMAIN DE TIRTOFF dit (1892-1990)
Un lyrisme précieux
Erté naît véritablement dans ces années-là, et signe en 1915 un contrat avec Harper's Bazaar, auquel il restera fidèle pendant plus de vingt ans, devenant rapidement une autorité pour l'élégante du Middle West, au point d'être une sorte de styliste avant la lettre. Ces compositions complexes, ces femmes-fleurs, femmes-oiseaux, sultanes ou déesses font régulièrement la couverture, en couleurs, du magazine. Il déborde d'invention, et les modèles dont il suggère, de dessin en dessin, l'exécution à ses lectrices illustrent autant de trouvailles, saisissantes encore aujourd'hui : ceintures en forme de chaussure, peignes-colliers, éventails - faces-à-main, lunettes-libellules, parapluies à rideaux, sacs en forme de masque, etc. C'est un univers entièrement régi par le coq-à-l'âne, par des calembours formels, comme si le dessin de l'objet ou du vêtement vivait d'une logique propre, engendrait, par le jeu de perpétuelles métaphores et métonymies, d'autres formes, d'autres réalités.
Parallèlement, Erté travaille pour le théâtre, habille les grands chanteurs de l'époque – de Gaby Deslys à Maurice Chevalier – aussi bien que les vedettes des comédies musicales anglo-saxonnes. Il réalise les costumes, aux ornements et bijoux omniprésents, destinés à Le Fond de la mer (1919) aux Folies-Bergères, à la demande de son directeur, Paul Derval. Le succès entraîne d'autres commandes au style exotique, Conte indou (1922), Les Idoles (1924), Les Trésors de l'Indochine (1924)... Il invente pour les music-halls américains, tels les spectacles de revues George White's Scandals, de 1922 et 1929 à New York, les décors les plus extravagants : « rideaux vivants » de girls couvertes d'or et de hautes plumes, « costumes collectifs » portés par plusieurs danseurs à la fois, des tableaux dont certains ne nécessitent pas moins de sept kilomètres et demi de lamé or ; extravagances auxquelles le krach de 1929 viendra mettre fin.
Cecil B. de Mille, puis Randolph Hearst et Louis B. Mayer lui proposent, en 1925, de travailler pour Hollywood ; ce qu'il fait jusqu'à son retour à Paris dans les années 1930, où il abandonne le dessin de mode pour l'illustration d'articles et de couvertures de magazines, tout en travaillant intensivement pour le music-hall et le théâtre, avec des créations telles qu'Au temps des merveilleuses (1934), London Symphony (au London Palladium, 1938)... À partir de 1933, Erté réalise les costumes des vedettes du Bal Tabarin de Montmartre et de plusieurs théâtres étrangers.
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Écrit par
- Patrick MAURIES : écrivain, directeur des éditions Le Promeneur et Thames & Hudson
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
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HARPER'S BAZAAR
- Écrit par Guillaume GARNIER
- 847 mots
- 1 média
Célèbre magazine de mode américain, Harper's Bazaar a été associé pour le public au prestige de son principal propriétaire, le magnat de la presse William Randolph Hearst (1863-1951).
Créé en 1868 par les frères Harper, le magazine Harper's Bazar (qui ne gagnera son deuxième...