PATKAI ERVIN (1937-1985)
Le sculpteur Ervin Patkai est mort alors qu'il venait d'avoir quarante-huit ans. Sa fin brutale ne lui a pas permis d'élargir une œuvre déjà riche et complexe. Ervin Patkai était aussi urbaniste et architecte ; pendant une longue période, il a réussi à réaliser les rêves de sa jeunesse : construire effectivement des villes, des centres urbains. Ses fins dessins préparatoires qui évoquaient une cathédrale, un château fort ou une pyramide ont pris forme dans le matériau le plus brut, le plus industriel : le béton.
Originaire d'une petite ville de la Hongrie, Békéscsaba, Patkai quitte son pays au moment de la révolution de 1956. Dès 1957, il s'inscrit à l'École des beaux-arts de Paris où il devient l'élève de Henri-Georges Adam. Il s'intéresse à la technique du moulage ; il travaille la terre et le plâtre. En 1961, il expose à la deuxième biennale de Paris et, à partir de 1964, il prend part régulièrement au Salon de la jeune sculpture. On l'invite à participer au Salon Grands et Jeunes d'Aujourd'hui et au Salon des Réalités nouvelles.
En 1963, il travaille le plâtre — « Série d'oiseaux » et « Composition d'os » — dans un esprit tout à la fois baroque et surréalisant. Mais, après la découverte de l'œuvre de Giacometti et de Germaine Richier, il trouve sa voie. En 1964, il perfectionne la technique du polyester coulé dans la paraffine. Ses recherches s'orientent ensuite vers une série de sculptures appelées « structures maigres ». Dans une monographie consacrée à Patkai, Denys Chevalier les décrit ainsi : « Bien que construites, et avec quelle autorité, moins qu'à des architectures, elles font penser à des squelettes d'architecture. » Cette attirance pour l'architecture lui impose une certaine rigueur, une simplicité et une symétrie librement interprétée. Son premier grand projet réalisé est l'ensemble « mur et fontaine » du village olympique de Grenoble, en 1967. Il réalise des sculptures architecturales pour diverses villes de France : Vitry-sur-Seine, Sénart, Bobigny, Rennes, Bordeaux, Clermont-Ferrand, La Celle-Saint-Cloud, Blainville-sur-l'Eau, Saint-Romain-en-Gal, etc. Grâce aux commandes de l'État, dans le cadre du « 1 p. 100 », il a réalisé des œuvres monumentales presque exclusivement en béton. « Le volume est un élément spirituel métamorphosé en objet matériel, presque encombrant comme la chair peut l'être », explique l'artiste.
Sans abandonner son travail sur les petites sculptures en bronze (sculptures transformables en 1970, sculptures molles en 1973, etc.), il consacre le meilleur de lui-même à l'urbanisme. À partir de 1974, avec Jean-Jacques Villey, urbaniste en chef de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, il conçoit le nouveau centre-ville, nommé Pavé neuf, à l'aide d'une grande maquette en polystyrène. Le sommet de ce travail est un projet de pyramide, censée exprimer « le monde du dedans », le monde invisible. Cette même préoccupation du monde intérieur de l'homme apparaît dans ses dernières sculptures en forme de cube qui doivent être vues de l'intérieur.
Bibliographie
Monographie : D. Chevalier, Patkai, Pierre Belfond, Paris, 1973.
Catalogues d'exposition
Patkai-Sculptures, Préface de Georges Boudaille, galerie Soleil, Paris, 1973 ; Patkai-Sculptures, Préface de Maurice Allemand, Monique Faux, Château de Vesvres-Rouy et maison de la Culture de Saint-Étienne, 1974.
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Écrit par
- Krisztina PASSUTH : doctorat d'université, conservateur à la Bibliothèque du musée d'Art moderne de la Ville de Paris
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