ÉRYTHRÉE
Nom officiel | État d'Érythrée (ER) |
Chef de l'État et du gouvernement | Issayas Afeworki (depuis le 24 mai 1993) |
Capitale | Asmara |
Langue officielle | Aucune 2
|
Unité monétaire | Nakfa (ERN) |
Population (estim.) |
6 344 000 (2024) |
Superficie |
121 100 km²
|
Située à l'extrême nord de l'Éthiopie moderne, frontalière avec le Soudan, l'Érythrée borde la mer Rouge. D'une certaine manière, une bonne part de son histoire reste liée à cette situation géographique qui en fit, au xixe siècle, une zone contestée entre l'Empire ottoman et l'Abyssinie, entre l'Islam et la chrétienté orthodoxe, entre une civilisation côtière et des populations réticentes aux contacts avec le monde extérieur.
Mais si l'Érythrée bénéficie aujourd'hui d'une attention particulière de la communauté internationale malgré sa petite superficie (117 400 km2) et une population inférieure à cinq millions d'âmes, c'est parce que cette contestation s'est poursuivie au cours d'une grande partie du xxe siècle, pour se conclure d'une manière qui rompt avec le conservatisme régnant au sortir de la Seconde Guerre mondiale : ne plus remettre en cause les frontières existantes et geler autant que faire se pouvait la création de nouvelles entités. Cette position est sans surprise entérinée en 1964 par la jeune Organisation de l'union africaine (O.U.A., devenue en 2000 Union africaine), sur la proposition de l'empereur éthiopien : à part la Somalie, aucun État ne proteste alors.
Il aura fallu trente ans de lutte armée (1961-1991) aux nationalistes érythréens pour faire valoir leur thèse et obtenir, en 1993, une reconnaissance formelle de l'Érythrée sur la scène internationale. Néanmoins, la satisfaction de cette aspiration ouvre une nouvelle période dominée par d'autres questionnements moins originaux mais tout aussi importants. Quel type d'État et de régime peut émerger de cette longue marche vers la reconnaissance internationale ? Quelles seront ses relations avec l'Éthiopie voisine qui a dû remiser ses prétentions, avec le Soudan qui, pendant des décennies, a accueilli ses réfugiés, deux pays d'une toute autre importance géopolitique ? Après avoir été une zone clé dans cette région entre les deux guerres mondiales, quel ordre régional peut se dessiner au terme de la guerre froide et quelle y sera la place de l'Érythrée ?
Les réponses à ces questions éclairent pour l'essentiel la situation intérieure et régionale dans laquelle se trouve l'Érythrée moins de deux décennies après son indépendance.
Géographie
Fédérée à l'Éthiopie qui l'annexa en 1962 et indépendante de fait en 1991, l'Érythrée réunit, sur 117 400 kilomètres carrés, des territoires divers et des peuples différents (4,7 millions d'habitants en 2005) mais unis par la lutte nationale.
Une étroite marche maritime montagneuse
La côte escarpée et montagneuse correspond au rebord ouest du rift de la mer Rouge, dont le Yémen occupe la rive orientale. Au large de Massawa, les îles Dahlak abritent le rivage corallien indenté par le golfe de Zula et la péninsule de Buri. Sur plus de 2 000 mètres de dénivelé, un formidable rebord, haché de failles et de horsts (comme celui couronné par le monastère de Debre Bizen), surmonte l'étroite plaine aride (182 mm de précipitations à Massawa) et torride de la mer Rouge. Des pluies tombent, en hiver, sur les pentes ravinées, couvertes de figuiers de Barbarie et jalonnées de sources thermales. Au sud d'Asmara (2 340 m, 521 mm) s'étendent, jusqu'à la frontière, la vallée encaissée du Mereb, ainsi que des plateaux frais et arrosés en été (460 mm à Sénafé). Le socle granitique est surmonté, au sud-est, de tables de calcaire, de grès ruiniformes et de laves. Les flancs du point culminant, l'Amba Soyra (3 013 m), sont couverts d'une forêt d'oliviers locaux et de genévriers. Jusqu'à la baie d'Assab, au sud-est, la chaîne des Danakil (2 500 m), surgie au Tertiaire, domine la côte rocheuse et aride et l'isole du triangle [...]
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Écrit par
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Roland MARCHAL : chargé de recherche CNRS
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