ÉRYTHRÉE
Nom officiel | État d'Érythrée (ER) |
Chef de l'État et du gouvernement | Issayas Afeworki (depuis le 24 mai 1993) |
Capitale | Asmara |
Langue officielle | Aucune 2
|
Unité monétaire | Nakfa (ERN) |
Population (estim.) |
6 344 000 (2024) |
Superficie |
121 100 km²
|
Histoire
La constitution de l'Érythrée
L'entrée de l'Italie dans le club des puissances coloniales à la fin du xixe siècle, s'explique en partie par la lutte d'influence que mènent à cette époque les deux grandes puissances impérialistes européennes, la France et la Grande-Bretagne. L'Érythrée devient une colonie italienne en 1890, mais les desseins de Rome évoluent pendant l'occupation : colonie de peuplement pour réduire l'acuité de la crise agraire du sud de l'Italie, puis source de matières premières, ensuite réservoir d'askaris (soldats coloniaux) pour constituer la force militaire nécessaire aux conquêtes en Libye et en Somalie, enfin base arrière, à partir de 1927, pour préparer l'invasion de l'Éthiopie en 1935.
La population de l'Érythrée est évaluée, au moment de l'indépendance, à 2,5 millions d'habitants, auxquels s'ajoute une diaspora de près de 1 million de personnes dont environ 500 000 réfugiées au Soudan voisin. Elle peut paraître divisée en deux grands blocs. Sur les plateaux habite une immense majorité de chrétiens qui se consacrent à l'agriculture traditionnelle ; dans les plaines vit une population musulmane largement pastorale, si l'on excepte les quelques grandes agglomérations comme Massawa sur la côte et Keren ou Aqordat dans l'ouest du pays. Il existe en outre de multiples interactions entre ces deux ensembles depuis des siècles. Il faut souligner aussi la multiplicité des influences, de la culture arabe sur la côte, qui a été en contact dès le xve siècle avec l'Empire ottoman, de l'Église orthodoxe éthiopienne sur le plateau et marginalement du catholicisme ou du protestantisme, des confréries soudanaises à l'ouest.
Ces différences jouent un rôle cardinal dans l'histoire du nationalisme érythréen et dans la guerre civile en aiguisant souvent les divisions ethniques ou régionales. Pourtant, une lecture qui en resterait à ce niveau n'expliquerait pas pourquoi la guerre a été possible durant une si longue période sans produire un éclatement de cette société depuis l'effondrement de la domination éthiopienne.
Les trois moments du nationalisme érythréen
La constitution d'un nationalisme est toujours un processus complexe qui ne passe pas uniquement par le champ politique. Dans le cas érythréen, l'analyse doit redoubler de prudence, car ses bases sociales ont évolué historiquement et ont toujours fait l'objet de controverses, pour qui refuse l'histoire nationaliste promue par les mouvements de libération. La défaite italienne se produit rapidement, puisque l'Érythrée est occupée dès 1941 par l'armée britannique. La fin de la suprématie fasciste affecte la société érythréenne dont une bonne partie s'était identifiée aux rêves de Mussolini. Les Britanniques, qui désirent utiliser l'Érythrée comme base arrière de la reconquête du Proche-Orient, pactisent avec les Italiens honnis par la population. L'élite érythréenne, peu nombreuse, s'organise alors pour exiger la dissolution des lois fascistes et l'égalité entre anciens colons et autochtones. Cette première expression politique se divise rapidement sur la question de l'Éthiopie. Une fraction importante de ce mouvement soutient le retour de l'Érythrée dans l'Éthiopie qui se libère ; d'autres, essentiellement des musulmans, perçoivent toujours l'Éthiopie comme une terre chrétienne, hostile à l'islam.
Dès 1945, la vie politique s'organise, car les grandes puissances hésitent sur le statut des anciennes colonies italiennes et autorisent une expression politique locale. Ces discussions internationales, malgré l'envoi d'une commission d'enquête sur place, n'arrivent pas à trancher et la question de l'Érythrée est confiée aux [...]
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Écrit par
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Roland MARCHAL : chargé de recherche CNRS
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