ESCRIME
« À la fin de l'envoi, je touche... » Le vers célèbre de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand était lié à une escrime bien précise, celle du duel, à l'issue parfois mortelle, qui fut longtemps la seule survivance du combat à l'« arme blanche » devenu lui-même caduc. Si les traités d'escrime, depuis le xvie siècle, tendent à fixer, au-delà d'une théorisation abstraite, les techniques les plus efficaces, il est clair que la recherche d'une suprématie — celle d'un individu ou d'une école — et l'organisation progressive de compétitions régulières ont conduit à une approche sportive de plus en plus poussée d'une discipline amputée désormais de toute utilité pratique éventuelle.
La rivalité opposa longtemps l'Italie à la France (pour le fleuret et l'épée) et à la Hongrie (pour le sabre). Nombreux sont désormais les pays ayant leur mot à dire dans une discipline inscrite au programme des jeux Olympiques modernes dès leur première édition, celle d'Athènes (1896), la Fédération internationale d'escrime ayant été créée en 1913 (147 fédérations nationales lui sont affiliées en 2013). Le fleuret (lame quadrangulaire, poids inférieur à 500 grammes) et l'épée (lame triangulaire, poids inférieur à 770 grammes) sont armes d'estoc, c'est-à-dire de pointe. Pour la première, la touche n'est valable que portée au tronc, tandis que pour l'épée l'adversaire peut être touché à n'importe quel endroit du corps. Les appareils d'enregistrement sont électriques, ce qui n'exclut pas au reste la contestation des décisions de l'arbitre, qui tiennent compte du déroulement et de l'enchaînement des actions. Le sabre, lui, est arme d'estoc et de taille, la pointe comme le tranchant ou le premier tiers du dos de la lame (inférieure à 500 grammes) pouvant permettre la touche en tout endroit du haut du corps, bras et tête compris.
Que les épreuves soient individuelles ou par équipes, disputées en poules ou par élimination directe (les deux formules pouvant être jumelées, des qualifications par poules précédant alors les phases d'élimination directe sur un seul match), la rapidité, « l'œil et la main », nécessaires pour s'imposer sur la piste de 14 (fleuret) à 18 mètres, sont exceptionnels. Lorsque les escrimeurs des pays de l'Europe de l'Est commencent à participer aux compétitions internationales, à partir de 1952 (Jeux d'Helsinki) s'est imposée à tous les concurrents la recherche d'une condition physique optimale. Mais l'élégance du style, le talent des tireurs — et des tireuses, puisque l'escrime féminine (le fleuret féminin est sport olympique depuis 1924, l'épée féminine depuis 1996, le sabre féminin depuis 2004) connaît de plus en plus d'adeptes — demeurent des composantes essentielles d'un sport extrêmement attachant pour ses pratiquants et initiés.
Aux grands maîtres du xixe siècle — les Jean-Louis, Lafaugère, ou la lignée des Mérignac — ont succédé en France d'étonnants champions, tels les fleurettistes Lucien Gaudin (champion olympique en 1928) et Christian d'Oriola (champion olympique en 1952 et en 1956), ou plus récemment Philippe Boisse (vainqueur de l'épreuve à l'épée aux jeux Olympiques de 1984), Philippe Riboud (épée), Éric Srecki (champion olympique à l'épée en 1992), Philippe Omnès (champion olympique au fleuret en 1992), Jean-François Lamour (vainqueur de l'épreuve au sabre aux jeux Olympiques de 1984 et de 1988), Hugues Obry (épée), Brice Guyart (champion olympique au fleuret en 2004). Côté féminin, Laura Flessel (championne olympique à l'épée en 1996, médaillée de bronze en 2000, d'argent en 2004) est une remarquable championne. Rappelons que, si l'image des Mousquetaires[...]
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Écrit par
- Jean DURRY : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique
Classification
Autres références
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BACH THOMAS (1953- )
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 935 mots
- 1 média
...Thomas Bach est né le 29 décembre 1953 à Wurtzbourg (Bavière), dans une famille de marchands de tissus. Il s’essaye au football, au tennis, puis commence l’escrime à Tauberbischofsheim (Bade-Wurtemberg), dans un club qui va devenir une référence de ce sport et une pépinière de champions sous l’impulsion... -
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Escrimeur français né le 18 mars 1955. Spécialiste de l'épée. Médecin, Philippe Boisse est champion olympique d'épée par équipes en 1980 à Moscou, avec Philippe Riboud, Hubert Gardas et Patrick Picot. Philippe Boisse obtient le titre olympique individuel à l'épée en 1984 à Los Angeles, dominant...
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GAUDIN LUCIEN (1886-1934)
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Considéré comme le meilleur escrimeur français du début du xxe siècle, Lucien Gaudin remporta quatre médailles d'or et trois médailles d'argent aux jeux Olympiques. Pourtant, victime des circonstances et d'une déveine tenace, il dut attendre 1928 pour s'adjuger enfin une médaille...
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