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ESPACE (CONQUÊTE DE L') Des pionniers à la fin de la guerre froide

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Les arsenaux stratégiques de la guerre froide

Alors que la guerre froide s'instaure, l'objectif des États-Unis et de l’URSS, les deux superpuissances, est de mettre sur pied des forces de missiles capables de projeter des armes nucléaires à des distances de plusieurs centaines de kilomètres avec, pour objectif final, la portée intercontinentale.

Du côté soviétique, Sergueï Pavlovitch Korolev, qui va devenir le principal artisan de l'astronautique soviétique, procède d'abord à l'acquisition des connaissances allemandes. Un V2 est reconstitué et essayé en vol, le 18 octobre 1947, sur la base de Kapustin Yar, située près de Volgograd. Un an plus tard, le 17 septembre 1948, apparaît le R1, qui s'inspire encore fortement du V2 ; cet engin est équipé du moteur RD-100 conçu par Glouchko.

En 1949, la R2, dont la portée est double de celle de la R1, soit 600 kilomètres, voit le jour. Puis les 1 200 kilomètres sont atteints avec la R5 en 1953. Ces premiers missiles soviétiques vont, au prix de quelques modifications, servir aussi à l'exploration de la haute atmosphère. Dès 1951, des êtres vivants, en l'occurrence des chiens, sont embarqués pour étudier leur comportement en altitude.

Mais, en 1953, un autre objectif est confié à Korolev par le gouvernement soviétique : réaliser un vecteur intercontinental capable de transporter l'arme thermonucléaire que l'URSS vient de mettre au point, un an après les États-Unis. La masse de cette arme est alors de 6 tonnes, ce qui nécessite un missile bien plus lourd et plus puissant que tous ceux qui ont précédemment été développés. L'idée de génie de Korolev consiste à avoir deux étages, non pas superposés mais assemblés en faisceau. C'est la naissance de la célèbre R7 Semiorka. Sa masse au décollage atteint 267 tonnes et elle dispose alors de cinq moteurs constitués chacun de quatre chambres de combustion lui fournissant une poussée totale de 390 000 décanewtons. Les essais commencent le 15 mai 1957, se soldant ce jour-là par un échec. Le succès interviendra lors de la troisième tentative, le 21 août suivant, à partir de la toute nouvelle base de lancement construite à Baïkonour, au Kazakhstan, à l'abri des moyens d'observation américains disposés en Turquie.

Des missiles aux lanceurs

Parallèlement, sur la proposition de Korolev, l'Académie des sciences de l'Union soviétique avait, le 30 janvier 1956, pris la décision de procéder au lancement d'un satellite avec cette fusée Semiorka. Cette étape va être franchie le 4 octobre 1957, lorsque le premier objet fabriqué par l'homme, Spoutnik-1 (en russe, spoutnik signifie « compagnon »), est mis sur orbite. Spoutnik-1, qui se présente sous la forme d'une sphère d'aluminium de 58 centimètres de diamètre dotée de quatre antennes et dont la masse est de 83,6 kilogrammes, est placé sur une orbite de 227 kilomètres de périgée et de 945 kilomètres d'apogée, inclinée à 64,3 degrés par rapport au plan de l'équateur et parcourue en 96 minutes et 17 secondes. Pendant 21 jours, ses deux émetteurs radio lanceront les célèbres « bip-bip » annonçant au monde entier le commencement de l'ère spatiale.

Les États-Unis vont suivre la même voie que les Soviétiques. Dès 1945-1946, ils s'engagent dans la reconstruction et les essais en vol de V2 puis dans la réalisation de missiles de courte portée, tel le Redstone – conçu par l'équipe de Wernher von Braun opérant au sein de l'ABMA (Army Ballistic Missile Agency, un organisme de l'US Army) –, qui est une émanation du V2. Ce missile est tiré pour la première fois en 1953. L'étape suivante est celle du Jupiter et du Thor, missiles de portée intermédiaire mis au point respectivement par l'US Army et l'US Air Force. Ces missiles sont mis en service en Europe en 1958. En même temps, la Navy procède[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace

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Médias

Konstantin Edouardovitch Tsiolkovski - crédits : Tass-Sovfoto

Konstantin Edouardovitch Tsiolkovski

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Hermann Oberth

V2 - crédits : AKG-images

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