ESPACE (CONQUÊTE DE L') Des pionniers à la fin de la guerre froide
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1969-1972 : l'homme sur la Lune
Mais les États-Unis, humiliés, ont déjà réagi. Le 25 mai 1961, devant le Congrès, le président John Fitzgerald Kennedy déclare : « Je crois que cette nation [les États-Unis] doit se fixer pour objectif de faire atterrir un homme sur la Lune et de le ramener sain et sauf sur la Terre avant la fin de cette décennie. » Le programme Apollo est lancé. Le pari est considérable car, jusqu'alors, aucun Américain n'est véritablement allé dans l'espace : seul, vingt jours auparavant, Shepard a fait un saut de puce avec sa cabine Mercury-Freedom-7 au-dessus de l'Atlantique, avec une fusée qui fait figure de jouet par rapport à celle qui sera nécessaire pour aller sur la Lune. De nombreux défis techniques doivent être relevés. La NASA s'engage alors dans la réalisation du lanceur Saturn V et dans celle des versions intermédiaires Saturn I et Saturn IB. La propulsion et le guidage constituent à eux seuls des défis considérables. Il faut adopter des procédures d'assurance qualité et fiabilité jamais utilisées précédemment. Tout ou presque est à inventer. Kennedy en est conscient et déclare le 12 septembre 1962, dans un discours prononcé à la Rice University de Houston : « Nous enverrons vers la Lune, à plus de 240 000 miles du centre de Houston, une fusée géante de plus de 100 mètres de hauteur faite de nouveaux matériaux, dont quelques-uns ne sont pas encore inventés, capables de supporter la chaleur et des efforts plusieurs fois supérieurs à ceux antérieurement rencontrés, assemblés avec une précision supérieure à celle de l'horlogerie, transportant tous les équipements requis par la propulsion, le guidage, le pilotage, les communications, la nourriture et la survie pour une mission encore jamais tentée vers un astre inconnu [...] Nous choisissons d'aller sur la Lune dans cette décennie et d'accomplir d'autres choses non pas parce que cela est facile, mais bien parce que c'est difficile. »
Un autre problème, et non des moindres, doit être résolu, celui du mode d'accès à la Lune : un vol direct, un rendez-vous en orbite terrestre ou en orbite lunaire ? Après bien des débats, le rendez-vous lunaire est choisi à la mi-1962. Afin de résoudre tous ces problèmes, et notamment ceux concernant les rendez-vous et les amarrages dans l'espace, les changements d'orbite et les vols de longue durée, la NASA engage un autre programme, Gemini. Dix vols habités dans le cadre de ce programme auront lieu avec succès en 1965 et 1966.
Aux États-Unis, la mobilisation est donc générale pour la bataille suprême, face à l'adversaire, qui ne cesse d'engranger les succès. Le coût du programme Saturn/Apollo est fixé à 25 milliards de dollars (de 130 à 150 milliards de dollars de 2008). Le budget de la NASA va passer de 500 millions de dollars en 1960 à 5 200 en 1965, soit 5,3 % du budget fédéral. De même, les effectifs de la NASA vont croître considérablement. De 1960 à 1966, le nombre d'employés de l'agence spatiale américaine passe de 10 000 à 36 000. Sur la même période, les effectifs de l'industrie spatiale américaine progressent de 36 500 à 376 000 ! Plus de 20 000 sociétés américaines et étrangères représentant 80 nations sont concernées par le programme Apollo. À côté de ces 20 000 sociétés, 200 universités sont impliquées. On estime qu'au total près de 10 millions de personnes travaillent, de près ou de loin, pour le programme Apollo. Corrélativement, de considérables investissements sont réalisés en de nombreux endroits des États-Unis.
Le résultat est à la hauteur de l'effort engagé. Le 24 décembre 1968, Frank Borman, James A. Lovell, Jr. et William A. Anders deviennent, à bord d'Apollo-8, les premiers hommes à voir la Lune de près et à en faire le tour. L'événement est[...]
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Écrit par
- Jacques VILLAIN : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace
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