ESPACE (CONQUÊTE DE L') L'Europe spatiale
Une panoplie étendue de lanceurs
Six ans après avoir pris la décision d'assurer elle-même son indépendance en matière de lancement de satellites, l'Europe procède le 24 décembre 1979 au tir du premier exemplaire de son lanceur Ariane, à partir du Centre spatial guyanais de Kourou, en Guyane française. D'abord prévu le 15 décembre, le lancement ne peut avoir lieu ce jour-là : les quatre moteurs du premier étage s'allument mais s'arrêtent huit secondes plus tard, sans que la fusée n'ait décollé. Ce tir avorté a pour origine un défaut technique mineur dans le système propulsif. Le lancement est reporté au 24 décembre. Un nouveau report de tir de quelques minutes intervient, mais le lanceur s'élève finalement dans le ciel de Guyane à 14 h 14 min. Le vol va se dérouler parfaitement. La capsule technologique qui fait office de satellite est placée sur une orbite de transfert géostationnaire ; les performances sont excellentes : apogée de 36 021 kilomètres pour 35 753 visés, périgée de 200,8 km pour 200 prévus et inclinaison de l'orbite sur l'équateur de 17,560 pour 17,50 nominaux. C'est un très grand succès pour le Centre national d'études spatiales français, pour l'Agence spatiale européenne et pour l'ensemble des industriels concernés. Les infortunes du lanceur Europa qui avait précédé Ariane sont oubliées ; une brillante carrière commerciale s'ouvre pour le lanceur européen. Le 26 mars 1980 sera créée Arianespace, la première société commerciale de transport spatial dans le monde. Le 30 octobre 1997 a lieu le deuxième vol d'Ariane-5. Le succès de ce vol, presque complet, efface l'échec spectaculaire intervenu le 4 juin 1996 lors du premier lancement et permet d'avoir une plus grande confiance dans ce lanceur, qui va assurer la relève d'Ariane-4, à un moment où la concurrence internationale n'a jamais été aussi vive. D'une masse au décollage de 747 tonnes, contre 470 pour la version la plus puissante d'Ariane-4 (44L), Ariane-5 a été conçue pour mettre en orbite de transfert géostationnaire (200 km × 36 000 km) des satellites d'une masse allant jusqu'à 6 800 kilogrammes. Elle peut donc emporter près de 2 000 kilogrammes de plus que la version Ariane-44L. Il s'agit d'un lanceur totalement nouveau. Son corps central comporte un premier étage, l'étage principal cryotechnique (E.P.C.), équipé du moteur Vulcain utilisant l'hydrogène et l'oxygène liquides et délivrant une poussée de l'ordre de 120 tonnes. Au-dessus se situe l'E.P.S., ou étage à propergol stockable (monométhyl hydrazine et peroxyde d'azote), délivrant une poussée de 2,7 tonnes, puis la case à équipements contenant le système de guidage et de séquencement. Tout au sommet se trouve la charge utile, c'est-à-dire le (ou les) satellite(s). Enfin, pour assurer l'énorme poussée nécessaire au décollage, le corps central est flanqué de deux étages d'accélération à poudre (E.A.P.), contenant chacun plus de 237 tonnes de poudre (constituée de poudre d'aluminium, de perchlorate d'ammonium et de polybutadiène, utilisé comme liant). Ariane-5 a connu depuis lors de nombreuses améliorations.
La Russie est devenue un partenaire stratégique en matière de lanceurs, même si le lanceur lourd Proton demeure un concurrent très sérieux d'Ariane-5. La coopération avec Moscou, initiée en 1966 par le général de Gaulle, s'est accrue avec la fin de l'Union soviétique. De nombreux programmes de coopération technologique, notamment en matière de propulsion, domaine dans lequel les Soviétiques avaient une avance certaine, ont été engagés depuis 1989. La Russie dispose en outre d'une panoplie de lanceurs très performants, conçus au temps de l'Union soviétique et fabriqués[...]
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Écrit par
- Jacques VILLAIN : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace
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