ESPACE (CONQUÊTE DE L') La militarisation de l'espace
L'arsenalisation de l'espace
La panoplie des systèmes qui vient d'être évoquée concerne des moyens passifs dont le but n'est pas de porter le combat dans l'espace. Cependant, du côté américain comme du côté soviétique, les militaires exprimèrent très tôt leur intention de s'engager dans cette seconde voie. Notons que le lancement du Spoutnik-1 soviétique, en 1957, ayant fait naître la crainte, aux États-Unis, d'un second Pearl Harbor, les militaires américains vont être les premiers à s'engager dans la constitution d'armes spatiales, le sénateur Lyndon B. Johnson, futur président, étant le principal promoteur de cette stratégie. Les Soviétiques suivront, avec souvent des idées originales.
Mais, malgré ces intentions, l'espace ne se transformera pas en champ de bataille ni même en lieu de stockage d'armements. Des démonstrations dans l'espace seront effectuées, sans aboutir à une mise en service durable de systèmes au nombre par ailleurs limité. Alors que l'on pouvait s'attendre, au fur et à mesure des progrès technologiques et des années, à voir les orbites envahies par des armes de toute nature pour y mener des combats, il n'en fut rien. Le pas de militariser l'espace n'a jamais été réellement franchi. Des centaines de milliards de dollars vont toutefois être dépensés uniquement pour prendre une sorte d'assurance et ne pas se laisser surprendre par l'adversaire, et pour faire « avancer la science ». En outre, parmi tous les projets américains et soviétiques, bien peu atteindront le stade ultime de leur développement. Les difficultés techniques et la crainte d'une escalade tant opérationnelle que budgétaire en sont les causes essentielles. Ajoutons aussi qu'un traité, celui de Moscou de janvier 1967, a réglementé les relations internationales dans ce domaine. Mais il ne concerne que l'interdiction des armes de destruction massive : aucun traité n'interdit de déployer des armes conventionnelles dans l'espace.
Dans ce domaine des armes spatiales, les deux nations vont donc se livrer à une escalade technologique rendue nécessaire par des concepts opérationnels toujours plus ambitieux et défiant parfois la raison. Parmi les systèmes mis en œuvre pendant la guerre froide, citons, du côté soviétique :
– les stations spatiales habitées Almaz (« diamant », en russe), destinées à l'observation mais qui disposaient d'un canon de 23 millimètres pour détruire les satellites américains ;
– le F.O.B.S. (Fractional Orbiting Bombardment System), bombe nucléaire orbitale ;
– des satellites antisatellites (systèmes I.S.-A, I.S.-M, I.S.-MU et Naryad-V).
De leur côté, les Américains ont mis en service pendant quelques mois, au début des années 1960, les missiles antisatellites Nike-Zeus et Thor, dotés d'armes nucléaires et tirés du sol. Au milieu des années 1980, ils ont procédé à des essais du missile A.L.M.V. (Air Launch Miniature Vehicle) tiré à partir d'avions F-15 et disposent aujourd'hui sur leurs navires de missiles S.M.-3 dotés d'une capacité antisatellite, comme en témoigne la démonstration effectuée en janvier 2008. Notons que les progrès faits en matière de guidage de ces différents systèmes ont permis de réaliser des impacts directs (hit to kill) avec les cibles, écartant l'utilisation d'armes nucléaires et même d'explosifs conventionnels.
L' « apothéose » en matière d'armes dans l'espace devait être l'I.D.S. (Initiative de défense stratégique ou Strategic Defense Initiative, dite « guerre des étoiles ») décidée par le président Reagan en 1983. Ce concept était destiné à mettre en place autour de la Terre un bouclier constitué d'armes spatiales, terrestres, aériennes et maritimes pour intercepter les têtes nucléaires soviétiques. De nouveaux types d'armes[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques VILLAIN : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace
Classification
Autres références
-
ACCÉLÉROMÈTRES SPATIAUX
- Écrit par Raphaël F. GARCIA et Pierre TOUBOUL
- 4 883 mots
- 3 médias
Le 17 mars 2009, un lanceur germano-russe Rockot décolle du cosmodrome de Plesetsk, dans le nord de la Russie, non loin du cercle polaire, et injecte sur une orbite terrestre très basse Goce, premier des satellites Earth Explorer du programme Living Planet de l'Agence spatiale européenne (E.S.A.)....
-
ALDRIN EDWIN EUGENE dit BUZZ (1930- )
- Écrit par Jacques VILLAIN
- 711 mots
- 1 média
Deuxième homme à avoir foulé le sol de la Lune, après Neil A. Armstrong, l'Américain Edwin Eugene (« Buzz ») Aldrin, Jr. naît le 20 janvier 1930 à Montclair, dans le New Jersey. En 1951, il devient bachelor ès sciences de l'Académie militaire des États-Unis à West Point. L'année suivante, il devient...
-
ARMSTRONG NEIL ALDEN (1930-2012)
- Écrit par Jacques VILLAIN
- 1 035 mots
- 3 médias
Premier homme à avoir foulé le sol de la Lune, l'Américain Neil Alden Armstrong naît le 5 août 1930 à Wapakoneta, dans l'Ohio. Très tôt attiré par l'aviation, il obtient en 1946, à l'âge de seize ans, son brevet de pilote, avant même d'avoir le permis de conduire les automobiles. En 1947, il termine...
-
ASTRONOMIE
- Écrit par James LEQUEUX
- 11 339 mots
- 20 médias
Le prodigieux développement de l'astronomie spatiale va permettre l'exploration directe de presque tout le système solaire, notamment avec les sondes américaines Pioneer-10 (lancée en 1972) et Pioneer-11 (lancée en 1973), Mariner-10 (lancée en 1973), Viking-1 et Viking-2 (lancées en 1975), Voyager-1... - Afficher les 93 références