ESPACE (CONQUÊTE DE L') La militarisation de l'espace
Les États-Unis, puissance dominante
Les États-Unis disposent de la plus vaste panoplie de satellites permettant de surveiller l'ensemble de la planète, ce qui leur confère un avantage indéniable en temps de guerre comme en temps de paix. En 2006, le Congrès a publié le montant annuel des dépenses spatiales civiles et militaires américaines, qui s'établissait à la valeur gigantesque de 62 milliards de dollars ! Si l'on tient compte des budgets spatiaux de la C.I.A., du National Reconnaissance Office et d'autres organisations à vocation de sécurité et de défense, c'est une valeur proche de 44 milliards de dollars qu'il faut retenir pour l'espace militaire américain, soit plus de deux fois celle de l'espace civil. Notons qu'officiellement les dépenses spatiales du Pentagone sont de 22,6 milliards de dollars. Depuis 2000, les États-Unis concentrent, à eux seuls, plus de 90 p. 100 des dépenses spatiales militaires mondiales.
Depuis 2001 et l'arrivée au pouvoir de l'administration Bush, les États-Unis ont consenti de nouveaux efforts qui visent à faire de l'espace un lieu de domination américaine. L'espace est un élément majeur de la sécurité nationale et de la suprématie tant militaire que technologique des États-Unis et qui se résume dans les doctrines de « Space Control » et de « Space Dominance ». Le rôle stratégique de l'espace américain est reconnu depuis le début de l'ère spatiale et a été réaffirmé périodiquement dans les discours et documents officiels. En 2001, le rapport Rumsfeld durcissait la position en précisant que toute attaque contre un satellite américain serait considérée comme une attaque contre le territoire américain. Le Strategic Master Plan de l'Air Force Space Command d'octobre 2003 développait alors la philosophie américaine : d'abord surveiller le milieu spatial (Space Situation Awareness), assurer la défense des satellites américains (Defensive Counterspace) et utiliser des moyens d'attaque contre les systèmes ennemis (Offensive Counterspace).
Comme si les messages précédents n'étaient pas suffisants, le 6 octobre 2006, la Maison-Blanche affirmait clairement la possibilité d'utiliser des armes spatiales si les intérêts américains l'exigeaient.
Dans les années à venir, ce pays devrait donc mettre en service une panoplie impressionnante de satellites militaires (de reconnaissance, d'écoute et autres) afin de répondre à cette stratégie. Par ailleurs, en 2003, le Pentagone examinait la possibilité de ravitailler en vol les satellites afin de les rendre plus mobiles et imprévisibles pour l'adversaire. Il envisageait aussi de satelliser des armes spatiales offensives (canons, lasers de puissance, armes à énergie cinétique) afin, si nécessaire, de priver un adversaire de l'usage de l'espace. Pour compléter le dispositif, le Pentagone exprimait, en 2003-2004, le besoin de disposer, à l'horizon de 2020, d'un lanceur à délai de réaction rapide, c'est-à-dire capable de mettre sur orbite en moins de 48 heures des charges utiles allant jusqu'à 7 tonnes, afin de remplacer les satellites qui auraient été détruits par l'adversaire.
Les intentions américaines apparaissent désormais clairement : détecter toute menace spatiale pour les États-Unis afin de la neutraliser dans les plus brefs délais. En d'autres termes, les États-Unis s'octroient le droit de faire ce qu'ils veulent dans l'espace. À l'évidence, Pearl Harbor et la guerre froide sont encore dans la mémoire des militaires américains. On peut toutefois se demander si, avec leurs gigantesques budgets militaires, les États-Unis ne frôlent pas la paranoïa et la démesure.
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Écrit par
- Jacques VILLAIN : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace
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