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ESPACE (CONQUÊTE DE L') La militarisation de l'espace

La mondialisation de l'espace militaire

Hormis les États-Unis et la Russie, une douzaine de pays se sont engagés depuis la fin de la guerre froide dans l'utilisation de moyens spatiaux militaires. Tous ces pays se sont dotés de satellites d'observation, souvent à vocation tant civile que militaire. L'espace militaire est donc en pleine croissance et, à l'instar de l'espace civil, se mondialise.

Dès 1975, la Chine lance son premier satellite de reconnaissance photographique. En septembre 2000, elle dispose de son premier satellite espion à imagerie optique et à haute résolution. Elle possède des satellites de télécommunication, des satellites radars et constitue son réseau de satellites de navigation. Elle dispose aussi d'une capacité de destruction des satellites. Va-t-on vers une rivalité américano-chinoise dans l'espace tant militaire que civil, comme naguère entre les États-Unis et l'U.R.S.S. ? C'est possible.

En 1995, apparaît Israël et son satellite de reconnaissance Ofeq-3. La même année, avec son premier satellite d'observation, Helios-1A, la France, conjointement avec l'Italie et l'Espagne, entre dans ce club très fermé. En 2003, c'est le tour du Japon, qui lance deux satellites pour mieux identifier la menace exercée par les missiles nord-coréens. Taïwan dispose de ses satellites Rocsat, l'Arabie Saoudite de ses Saudisat, la Corée du Sud de ses Kompsat, le Pakistan de son Badr-1. L'Inde lance son premier satellite d'observation à usage militaire en 2005. Afin de ne pas se laisser distancer par son rival chinois, elle envisageait en 2003 de développer plusieurs programmes spatiaux militaires d'observation et de guerre électronique notamment. L'Allemagne arrive en 2006 et l'Italie en 2007. Également en 2007, l'Égypte fait lancer par les Ukrainiens son premier satellite d'observation, Egyptsat-1. D'autres pays frappent à la porte de ce club : le Brésil, la Turquie, la Thaïlande, la Malaisie, les pays du golfe Persique et l'Australie, notamment. Notons aussi que la Corée du Sud, le Brésil et l'Iran veulent acquérir l'autonomie d'accès à l'espace en développant leurs propres lanceurs.

À l'image de l'Europe de la défense, l'espace militaire européen progresse lentement. S'il y a une Europe spatiale civile, son équivalente militaire n'existe pas. Dans ce domaine, un décalage énorme existe entre les deux côtés de l'Atlantique au niveau des budgets et des moyens. Notons toutefois que les déclarations faites en 2008 par le président français Nicolas Sarkozy constituent une prise de conscience, au moins au niveau français, du rôle que devrait jouer, à l'avenir, l'espace militaire dans la défense européenne. Pour l'heure, on constate une dispersion des moyens. Les intérêts propres des nations européennes ont bien du mal à faire place à celui de l'Europe en tant que telle. Les choses évoluent cependant peu à peu. Des coopérations s'établissent. La France est plus active en ce domaine que ses partenaires européens, mais les déclarations ne sont pas toujours en accord avec les moyens mis en place. Si l'on constate que plusieurs pays d'Europe (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Espagne, Belgique, Grèce) s'engagent dans l'espace militaire, les efforts financiers restent très modestes. En 2006, la France, le plus important contributeur européen, avait un budget spatial militaire de 450 millions d'euros. De 1993 à 2006, ce budget a baissé de 33 p. 100. En 2009, il est de 390 millions d'euros. Quant à celui de l'Europe, il s'établit à environ 1 milliard d'euros, c'est-à-dire un quarantième de celui des États-Unis. Entre 2007 et 2013, l'Europe dépensera en moyenne 750 millions d'euros par an.

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  • : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace

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