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ESPACE (CONQUÊTE DE L') Vue d'ensemble

Le 4 octobre 1957, le satellite soviétique Spoutnik-1 envoie ses premiers bips-bips. Le 12 avril 1961, Iouri Gagarine accomplit, en 108 minutes, une révolution autour de la Terre. Puis, le 21 juillet 1969, l'Américain Neil Armstrong marche sur la Lune. L'ère spatiale fut ainsi ouverte, pour le savoir, le savoir-faire et le rêve.

Certes, les motivations des promoteurs – et parfois des acteurs – de ces conquêtes ne furent ni angéliques ni vraiment désintéressées. La guerre froide incitait chacun des deux « blocs » de l'Est et de l'Ouest, plus simplement l'U.R.S.S. et les États-Unis, à démontrer leur suprématie technique et donc leur supériorité militaire. Spoutnik-1 et Gagarine furent des coups durs pour les Américains. Armstrong leur offrit une revanche triomphale : les États-Unis avaient permis à l'humanité « de faire un grand pas ».

L'ex-U.R.S.S., les États-Unis... mais qu'en fut-il des autres ? Des Européens, et plus spécialement des Français, par exemple ?

Bases de lancement spatial dans le monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bases de lancement spatial dans le monde

Les Français ont eu de tous temps la réputation d'être de bons artilleurs. Les tirs vers l'espace ne pouvaient les laisser indifférents. Dès 1965, huit ans seulement après l'envol inaugural de Spoutnik-1, ils mirent sur orbite leur premier satellite, Astérix. Celui-ci était un simple relais d'information. Il fut lancé de la base d'Hammaguir, dans le Sahara algérien, par une fusée Diamant A, qui était la dernière-née d'une suite de missiles et de fusées portant le nom de pierres de plus en plus précieuses.

La France devint ainsi la troisième « puissance spatiale ». Elle ne fut pas abusivement triomphante, mais put se considérer à juste titre comme le porte-drapeau de l'Europe dans la conquête spatiale. Elle fut ainsi amenée à jouer un rôle central dans les deux premières organisations spatiales européennes, l'E.S.R.O. (European Space Research Organisation), et l'E.L.D.O. (European Launcher Development Organisation), fondées respectivement en 1962 et en 1964. Deux organismes à la réussite inégale : l'E.S.R.O. connut de nombreux succès, en particulier dans l'étude de l'ionosphère, et un esprit de convivialité unissait les pays membres ; en contraste, il faut bien reconnaître l'échec de l'E.L.D.O., dont l'objectif était de développer un lanceur européen, mais où l'agencement des responsabilités fut peu propice à l'efficacité des efforts.

L'homme dans l'espace, prestige ou nécessité ?, J. Villain - crédits : Encyclopædia Universalis France

L'homme dans l'espace, prestige ou nécessité ?, J. Villain

Les trois États européens (France, Royaume-Uni et Allemagne) qui jouissaient déjà d'une compétence avérée dans l'industrie des fusées n'ont pas su opérer une fusion des savoirs et des actions. L'organisation de l'E.L.D.O. fut proche de ce que fut sans doute celle de la construction de la tour de Babel. L'issue fut, en tout cas identique : le lanceur Europa, programme essentiel de l'E.L.D.O., ne devait jamais atteindre l'altitude qui lui avait été assignée. Mais, fort heureusement, cet échec ne mit pas fin à l'intérêt de l'Europe pour l'espace. Les Français relevèrent le défi en proposant de construire sur des bases plus rationnelles un nouveau lanceur, nommé Ariane, qui permettrait de sortir du labyrinthe. L'E.L.D.O. et l'E.S.R.O. furent réunies (1975) en une nouvelle entité, l'E.S.A. (European Space Agency). Les Français, qui étaient les principaux tenants de l'absolue nécessité pour l'Europe de disposer d'une capacité autonome de lancement, apportèrent une contribution financière et technique égale aux deux tiers de l'effort nécessaire pour mener à bien le programme Ariane. Le 24 décembre 1979, le beau lanceur s'envolait de Kourou, en Guyane : l'Europe devenait spatiale à part entière. Un rêve devenait réalité. Sur la coiffe d'Ariane étaient peints les drapeaux des dix États participant au programme. Les drapeaux avaient tous la même taille, chacun des contributeurs pouvait être également fier.[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, membre de l'Académie des sciences, ancien ministre

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Bases de lancement spatial dans le monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bases de lancement spatial dans le monde

L'homme dans l'espace, prestige ou nécessité ?, J. Villain - crédits : Encyclopædia Universalis France

L'homme dans l'espace, prestige ou nécessité ?, J. Villain

Base martienne - crédits : NASA

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