HILBERT ESPACE DE
La théorie des espaces hilbertiens trouve son origine dans celle des développements de fonctions arbitraires en séries de fonctions orthogonales, lesquelles apparaissent le plus souvent comme fonctions propres de certains opérateurs différentiels linéaires (séries de Fourier, fonctions sphériques, théorie des oscillations de Sturm-Liouville). À l'occasion de l'étude des équations intégrales, ébauchées par V. Volterra, I. Fredholm et E. Schmidt, Hilbert définit l'espace l2 des suites de carré sommable, et résout les principaux problèmes posés en interprétant les équations en termes d'endomorphismes de l'espace l2. E. Schmidt, M. Fréchet et F. Riesz donnent ensuite une forme plus géométrique à la théorie de Hilbert, en introduisant le langage des normes, de l'orthogonalité et des bases hilbertiennes, et découvrent que de nombreux espaces fonctionnels classiques sont isomorphes à l2, ou à des sous-espaces vectoriels de cet espace. Dès lors s'impose une présentation axiomatique des espaces préhilbertiens et hilbertiens ; elle est essentiellement due à J. von Neumann et à F. Riesz ; le lecteur la trouvera esquissée ci-dessous. Enfin, ces derniers approfondissent considérablement l'étude des endomorphismes des espaces hilbertiens, et créent ainsi un des outils les plus puissants de l'analyse fonctionnelle et de la physique mathématique.
Nous supposons connus les notions fondamentales de l'algèbre linéaire (cf. algèbre linéaire), le langage des normes et semi-normes, et la notion de famille sommable.
Généralités
Espaces préhilbertiens
On appelle espace vectoriel préhilbertien (complexe) un espace vectoriel sur le corps C des nombres complexes, muni d'une forme sesquilinéaire auto-adjointe dont la forme hermitienne associée est positive, c'est-à-dire d'une application de E × E dans C, notée (x, y) ↦ (x|y), satisfaisant aux conditions suivantes :
– pour tout élément y de E, l'application x ↦ (x|y) est linéaire ;
– pour tout couple (x, y) d'éléments de E, (y|x) = (x|y) ;
– pour tout élément x de E, (x|x) ≥ 0.
Le scalaire (x|y) s'appelle produit hermitien des vecteurs x et y.
On dit que l'espace vectoriel E est préhilbertien séparé, ou hermitien, si la forme, hermitienne considérée est définie positive, c'est-à-dire si la relation (x | x) = 0 implique la relation x = 0.
Théorème 1. Pour tout couple (x, y) d'éléments d'un espace préhilbertien E :
(inégalité de Schwarz).Écartons le cas où l'un des deux vecteurs x et y est nul. Écrivons que, pour tout nombre réel α et pour tout nombre complexe β de module 1, le nombre réel :
ou encore :par suite, le discriminant de ce trinôme du second degré en α est négatif ou nul pour tout nombre complexe β de module 1,L'inégalité cherchée étant évidente lorsque (x|y) = 0, écartons ce cas. Nous obtenons alors l'inégalité de Schwarz en posant :
Lorsque l'espace vectoriel E est hermitien, on montre qu'il y a égalité dans l'inégalité de Schwarz si et seulement si les vecteurs x et y sont colinéaires.
Théorème 2. Soit E un espace vectoriel préhilbertien. L'application qui à tout vecteur x de E associe le nombre réel positif ∥x∥ = (x|x)1/2 est une semi-norme sur E, dite associée à la forme sesquilinéaire (x, y) ↦ (x|y).
En effet, pour tout nombre complexe α, ∥αx∥ = |α| . ∥x∥. Pour tout couple (x, y) de vecteurs de E :
D'autre part :L'inégalité triangulaire :découle des relations (1) et (2), de la relation Re(x|y) ≤ |(x|y)| et de l'inégalité de Schwarz.La semi-norme précédente est une norme si et seulement si l'espace vectoriel E est hermitien. Le nombre réel positif ∥x∥ s'appelle alors norme hermitienne du vecteur [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Lucien CHAMBADAL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, professeur au lycée Buffon, Paris
- Jean-Louis OVAERT : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de mathématiques spéciales
Classification
Autres références
-
ALGÈBRE
- Écrit par Jean-Luc VERLEY
- 7 143 mots
...les équations différentielles et surtout les équations aux dérivées partielles, Hilbert introduit, à l'aube du xxe siècle, le célèbre espace de Schmidt et utilise systématiquement des techniques linéaires pour étudier les opérateurs dans cet espace et c'est Toeplitz, élève de Hilbert,... -
ANALYSE MATHÉMATIQUE
- Écrit par Jean DIEUDONNÉ
- 8 528 mots
...cela que les suites x = (xp) de nombres réels telles que : forment un espace vectoriel de dimension infinie que l'on appelle l'espace de Hilbert H. On tire aisément de la définition (7) que l'on a :et que pour tout « vecteur » x ∈ H, la série :est convergente ; en outre,... -
ERGODIQUE THÉORIE
- Écrit par Antoine BRUNEL
- 3 277 mots
...de puissances p-ièmes intégrables :p étant un nombre réel donné 1 ≤ p < + ∞. On sait que L2 est muni d'une structure d' espace de Hilbert (cf. espace dehilbert) où le produit hermitien de deux éléments f1 et f2 est défini par :f2 est la conjuguée complexe de f2 et... -
GROUPES (mathématiques) - Représentation linéaire des groupes
- Écrit par Everett DADE
- 3 633 mots
Une autre famille de généralisations de la théorie classique concerne les représentations unitaires continues d'un groupe topologique sur un espace de Hilbert. Un groupe topologique G est un groupe muni d'une topologie par rapport à laquelle la multiplication et l'inversion sont des applications... - Afficher les 13 références