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ESPAGNE (Le territoire et les hommes) De l'unité politique à la guerre civile

Le XVIIIe siècle

Le xviiie siècle a été marqué par l'avènement de la dynastie des Bourbons, les progrès de la centralisation, la formation d'une opinion « éclairée », d'assez nombreuses réformes, une nette amélioration de la démographie et de l'économie.

Une période de stabilité

Une première période correspond aux règnes de Philippe V (1700-1746) et de Ferdinand VI (1746-1759). C'est, après le difficile établissement de la dynastie, une époque de stabilité. Les inquiétudes suscitées par la politique de Louis XIV en Europe provoquèrent la guerre de Succession d'Espagne (1702-1714). Dans la péninsule Ibérique, Philippe V fut menacé, à partir de 1706, par son rival l'archiduc Charles de Habsbourg, soutenu par les pays de la couronne d'Aragon. La fidélité des Castillans et l'aide de la France lui permirent de prendre le dessus après la victoire de Villaviciosa (1710).

L'avènement de Charles VI à l'empire, en détachant l'Angleterre de la coalition contre Louis XIV, amena la conclusion des traités d'Utrecht (1713) et de Rastatt (1714). Philippe V était reconnu comme roi d'Espagne, mais les Pays-Bas, le Milanais, le royaume de Naples et la Sardaigne furent attribués à l'Autriche, la Sicile au duc de Savoie, qui prit le titre de roi. Plus tard, la Sicile devait être échangée contre la Sardaigne. Ainsi l'Espagne perdait toutes ses possessions européennes. Philippe V, à l'instigation de sa seconde épouse, Isabelle Farnèse, chercha à reprendre pied en Italie, mais les tentatives de ses ministres successifs, Alberoni et Ripperda, furent contrecarrées par les autres puissances. Leur successeur, Patiño, qui développa la marine de guerre, réussit à installer don Carlos, fils aîné du second mariage, d'abord à Parme et à Plaisance, puis, grâce à l'intervention aux côtés de la France dans la guerre de Succession de Pologne, à le faire reconnaître comme souverain de Naples (1738). Enfin, la guerre de Succession d'Autriche permit à don Felipe, frère de don Carlos, de devenir duc de Parme et de Plaisance (1748). Ces succès n'aboutirent pas à une véritable reconstitution de l'empire espagnol, mais à l'établissement de branches cadettes de la dynastie en Italie.

L'avènement des Bourbons se traduisit par le développement de l'influence française, particulièrement forte pendant la guerre de Succession d'Espagne. La centralisation progressa. Les pays qui avaient soutenu l'archiduc perdirent leurs Cortes et la plupart de leurs libertés, Valence et l'Aragon dès 1707, la Catalogne en 1716 par le décret de Nueva Planta. Cette dernière province, mieux traitée que les autres, conserva son droit et certaines institutions propres. L'ensemble du territoire, divisé en vingt-quatre provinces, fut soumis à l'autorité du Conseil de Castille, qui partageait désormais le pouvoir avec quatre secrétaires d'État, sur le modèle français. Le roi était représenté dans les anciennes vice-royautés par un capitaine général, auprès duquel siégeait un tribunal (audiencia), et dans les villes par des corregidores. Ce système fut complété, sous Ferdinand VI, par la généralisation des intendants. Cependant, la Navarre et les provinces basques, qui avaient été fidèles à Philippe V, conservèrent leurs fueros et restèrent en dehors de la ligne de douanes.

Ces transformations politiques s'accompagnèrent d'une poussée démographique. La population, estimée à 7 500 000 habitants en 1717, passa, d'après le recensement, beaucoup plus sûr, de 1768-1769, à 9 308 000, sans doute à cause de la disparition des grandes épidémies et de l'amélioration des conditions économiques. Dans l'industrie, les ministres de Philippe V tentèrent l'application des méthodes colbertistes. Des manufactures privilégiées furent fondées, notamment à Madrid[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

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Médias

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