ESPAGNE (Le territoire et les hommes) Économie
Capitale | Madrid |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
48 736 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
31 680 $ (2022) |
La succession des crises à partir de 2007
En analysant les événements économiques et financiers qui se sont succédé, année après année à partir de 2007, on comprend à quel engrenage s’est trouvée confrontée l’économie espagnole : enchaînement de crises de différentes natures (financière, économique, de l'emploi, puis budgétaire), contagion des déséquilibres à l'ensemble du système… Fin 2007, toutes les conditions nécessaires à la surchauffe de l’économie sont réunies. D'énormes masses financières issues des marchés ainsi que des fonds européens structurels (54 milliards d'euros entre 2001 et 2006) irriguent l'économie. Au même moment, des décisions politiques (lois foncières, fiscalité incitant à l'acquisition immobilière, ainsi que des mesures de régularisation massive d'une main-d’œuvre immigrée destinée à être employée dans le secteur de la construction) favorisent le secteur immobilier. D'autres facteurs, de nature sociologique, renforcent la dynamique de croissance. L’intense courant d’immigration crée des besoins de logements. L’entrée massive des femmes espagnoles sur le marché du travail assure de nouvelles conditions de solvabilité aux ménages, qui cherchent, en raison de la hausse des prix, à accéder le plus vite possible à la propriété. Cet ensemble de facteurs provoque l’augmentation de la quantité des logements produits et la hausse des prix de l’immobilier. De 1998 à 2007, le prix du mètre carré augmente de 175 p. 100. En 2007, le nombre de logements mis en construction en Espagne approche les 600 000 unités (soit plus que la construction de logements cumulée de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni).
Krach financier de 2008 et contagion à l'économie réelle
Dès 2008, la conjoncture se retourne. La fin du mandat de George Bush aux États-Unis coïncide avec une flambée des cours de l’énergie et des matières premières. La nervosité qui s’ensuit se transforme en défiance à l’égard des actifs particulièrement surévalués des banques espagnoles, ce qui accroît la tension sur les taux d’intérêt. Avant même la faillite de la banque Lehman Brothers (le 15 septembre 2008), le retournement de la conjoncture en Espagne se traduit par la banqueroute du promoteur espagnol Martinsa-Fadesa (début juillet 2008). Le principal indice de la Bourse de Madrid, IBEX 35, enregistre un krach : les cotations perdent 39 p. 100 de leur valeur entre l'été et la fin de l'année 2008, puis encore 30 p. 100 l'année suivante. La chute de la bourse espagnole induit deux conséquences immédiates : l'effondrement brutal du cours des sociétés travaillant dans la promotion immobilière et la multiplication des défauts de paiement des emprunteurs (entreprises et ménages) étranglés par la remontée des taux d’intérêt (car les contrats d'emprunts sont le plus souvent adossés à des taux variables). L'onde de choc atteint très rapidement les activités liées au bâtiment (cimenteries, faïenceries, agences immobilières…)
À l'automne 2008, les responsables de la réserve fédérale des États-Unis et de la Banque centrale européenne maintiennent des taux d’intérêt élevés, comme s’ils ne craignaient pas la contagion des faillites qui se multiplient. Les petits établissements de crédit, notamment les caisses d'épargne régionales, ne parviennent pas à se refinancer auprès des établissements centraux, qui doutent de la qualité de leurs créances (actifs toxiques). Peu à peu, l’ensemble du système financier se grippe. Les ménages, acculés par l’augmentation des taux d’intérêt, limitent leur consommation. Les entreprises, asphyxiées par la dette, commencent à licencier en masse.
L'année 2009 est marquée par l'inéluctable expansion de cette onde destructrice. Le P.I.B. se contracte d’environ[...]
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Écrit par
- Nacima BARON : professeure des Universités, agrégée de géographie, habilitée à diriger des recherches
- Sabine LE BAYON : économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (O.F.C.E.)
Classification
Médias