ESPAGNE (Le territoire et les hommes) Le retour à la démocratie
Nom officiel | Royaume d'Espagne (ES) |
Chef de l'État | Le roi Felipe VI (depuis le 19 juin 2014) |
Chef du gouvernement | Pedro Sánchez (depuis le 2 juin 2018) |
Capitale | Madrid |
Langue officielle | Castillan (espagnol) 2
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La deuxième alternance
Les années 1990 sont marquées par l'épuisement du modèle socialiste et l'accession au pouvoir d'une droite renouvelée, celle du Parti populaire (PP) conduit par José María Aznar. L'alternance politique est ainsi le fruit tant du discrédit qui frappe le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) que de la confiance accordée par une partie de la société à une droite qui semble avoir rompu définitivement avec le passé franquiste. Celle-ci peut ainsi poursuivre l'œuvre de modernisation économique entamée sous l'ère socialiste et emmener avec brio l'Espagne vers la monnaie unique européenne. Les succès obtenus, combinés au manque d'une réelle alternative, conduisent le PP à obtenir la majorité absolue à la fin de la décennie.
La « législature de la crispation »
Après les événements et commémorations qui marquent l'année 1992 (jeux Olympiques de Barcelone, cinquième centenaire de la découverte des Amériques...), véritables révélateurs de la nouvelle dimension internationale de l'Espagne mais pouvant être aussi perçus comme des feux d'artifice destinés à occulter les problèmes internes, le gouvernement socialiste entre dans un rapide processus d'usure.
Le PSOE parvient malgré tout à remporter les élections de 1993 en jouant sur les peurs de l'électorat à l'égard d'une droite encore largement perçue comme l'héritière de la dictature. Mais il perd la majorité absolue dont il jouissait depuis 1982, obligeant ainsi Felipe González à sceller un pacte avec les nationalistes catalans du parti Convèrgencia i Unió (CiU, Convergence et Union). En échange de ce soutien à la politique du gouvernement, Felipe González accorde aux communautés autonomes la cession de 15 % de l'impôt sur le revenu. Cette mesure favorise les régions les plus riches (telles que la Catalogne) ; elle est dénoncée par le PP comme une concession politicienne des socialistes aux nationalistes catalans.
Mais le gouvernement socialiste doit surtout faire face aux différents scandales, financiers et politiques, qui émaillent sa dernière législature. Certains ont trait au financement illégal des partis ou à la corruption de personnalités du monde financier ou politique liés aux socialistes, voire des cadres politiques désignés par le gouvernement (comme le président de la Banque d'Espagne ou le directeur général de la Guardia civil).
D'autres « affaires », encore plus graves, liées à la politique antiterroriste, font état de la survivance de certaines pratiques antidémocratiques au sein des forces de sécurité de l'État. Ainsi, le gouvernement doit, en 1995, s'expliquer sur son rôle dans la création des Groupes antiterroristes de libération (GAL), des commandos paramilitaires qui, de 1983 à 1986, ont lutté contre le terrorisme de l'Euskadi ta askatasuna (ETA) en perpétrant des assassinats et des séquestrations au Pays basque français ; ou encore sur la réouverture, en 1995, du cas « Lasa et Zabala », deux présumés terroristes qui ont été torturés et assassinés par les forces de l'ordre en 1985 dans une caserne de la Guardia civil au Pays basque. La vague d'accusations auquel le gouvernement doit faire face, à la fois au Parlement – où José María Aznar finit toutes ses interventions par l'injonction « Partez, M. González ! » – et dans la presse, justifie l'expression de « législature de la crispation ».
Si les scandales financiers écornent l'image du gouvernement, l'affaire des GAL va la détériorer sérieusement. Le ministre de l'Intérieur et le secrétaire d'État à la sécurité sont, en 1998, reconnus coupables d'avoir dirigé les GAL et sont condamnés à des peines de prison. Les explications du gouvernement peinent à convaincre l'opinion et le président González perd[...]
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Écrit par
- Guy HERMET : directeur de recherche émérite à la Fondation nationale des sciences politiques
- Mercedes YUSTA RODRIGO : professeur des Universités à l'université de Paris-VIII, membre de l'Institut universitaire de France
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias