ESPAGNE (Le territoire et les hommes) Le retour à la démocratie
Nom officiel | Royaume d'Espagne (ES) |
Chef de l'État | Le roi Felipe VI (depuis le 19 juin 2014) |
Chef du gouvernement | Pedro Sánchez (depuis le 2 juin 2018) |
Capitale | Madrid |
Langue officielle | Castillan (espagnol) 2
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Le retour des tensions politiques au début des années 2000
Malgré les problèmes liés à la question de la diversité nationale et la lourde hypothèque du terrorisme, l'optimisme caractérise l'Espagne au début des années 2000. Le PP, qui peut se prévaloir d'un bilan positif à la fin de sa première législature, est reconduit pour un second mandat à l'issue des élections législatives de mars 2000 avec, cette fois-ci, la majorité absolue au Parlement. Mais l'attitude du PP au pouvoir, qui agit comme si les électeurs lui avaient donné un chèque en blanc, et l'absence de régénération de la vie politique espagnole provoquent la réapparition de tensions au début des années 2000, tandis que le contexte international est marqué par les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Ainsi, lorsque l'Espagne subit de plein fouet le terrorisme de masse lors de l'attentat du 11 mars 2004 à Madrid, qui fait près de deux cents morts, la vie politique en est bouleversée : c'est la fin des « années Aznar ».
La droite décomplexée
Fort de ses succès en matière économique et sociale, dans une conjoncture favorable et face à une gauche en manque de leader et de projet, le PP remporte haut la main les élections législatives de mars 2000 en obtenant la majorité absolue avec 44,6 % des voix. Libéré de ses alliés nationalistes, José María Aznar n'a plus à chercher le consensus avec les autres forces politiques. Son style de gouvernement devient plus autoritaire, n'hésitant pas à gouverner par décret si nécessaire ou à ne pas fournir d'explications au Parlement sur certains choix politiques.
En politique intérieure, cette seconde législature est très marquée par les confrontations entre le pouvoir central et les nationalismes, en particulier celui du Pays basque. Le paroxysme de ces tensions a lieu en 2002, avec le vote d'une loi interdisant toute formation politique liée à une organisation terroriste, dont le but est l'interdiction du parti indépendantiste Batasuna, et avec la proposition, de la part du président du gouvernement basque Ibarretxe, d'un plan souverainiste destiné à doter le Pays basque du statut d'« État libre associé ». Ce « Plan Ibarretxe » soulève de fortes critiques de la part de toutes les formations politiques à l'exception des nationalistes indépendantistes. Il contribue encore plus à isoler le PNV. De son côté, le gouvernement Aznar durcit considérablement la politique antiterroriste, d'une part, en rendant illégales les formations politiques proches de l'ETA (Euskal Herritarrok puis Batasuna), et, d'autre part, en renforçant la coopération policière avec la France pour démanteler les arrière-gardes de l'organisation terroriste. Par ailleurs, il entreprend aussi une campagne de « ré-espagnolisation », notamment en déployant en 2003 un gigantesque drapeau espagnol (plus de 300 m2) sur la Plaza de Colón, à Madrid.
En outre, le mécontentement social grandit tout au long de la législature. Il se manifeste notamment en 2002 lorsque le gouvernement Aznar se trouve confronté à sa première grève générale, laquelle sera minimisée par la télévision publique – ce qui fera par la suite l'objet d'une sanction par le Conseil de l'Europe –, puis lors de la marée noire sur les côtes galiciennes provoquée par le naufrage du Prestige. La réaction gouvernementale, tardive et minimisant trop les conséquences de cet incident, provoquent une forte réaction sociale dans une région pourtant considérée comme un fief traditionnel de la droite.
Néanmoins, la seconde législature de José María Aznar est surtout marquée par le « tournant atlantique » de sa politique extérieure. Aznar se méfie de la France et de l'Allemagne et craint une marginalisation de l'Espagne dans une Europe élargie à vingt-sept. De plus, il est[...]
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Écrit par
- Guy HERMET : directeur de recherche émérite à la Fondation nationale des sciences politiques
- Mercedes YUSTA RODRIGO : professeur des Universités à l'université de Paris-VIII, membre de l'Institut universitaire de France
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias