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ESPÈCE, biologie

Une distinction indispensable : taxons et catégories

Les systématiciens contemporains distinguent soigneusement les taxons et les catégories taxinomiques. Un taxon est un groupe réel d'organismes, désigné par un nom propre. Homo sapiens (l'homme) et Mus musculus (la souris domestique) sont des taxons. En l'occurrence, ici ce sont deux espèces. Remarquons au passage la convention introduite par Carl von Linné (1707-1778), qui consiste à désigner une espèce par deux noms latins accolés, le premier étant le nom du genre dans lequel l'espèce est contenue. Un genre (par exemple Homo) est un taxon plus inclusif. Par exemple, le genre Homo contient aussi Homo neanderthalensis. Il est lui-même inclus dans des groupes plus vastes, comme la famille des Hominidés, l'ordre des Primates, lui-même inclus dans la classe des Mammifères, qui est contenue dans l'embranchement des Vertébrés, et ainsi de suite. Les mots espèce, genre, famille, ordre, classe et embranchement, tels qu'on vient de les utiliser (l'espèce x, le genre y, etc.) renvoient à des groupes concrets d'organismes. En revanche, lorsqu'ils sont employés isolément, ces termes ne distinguent pas des taxons mais des catégories taxinomiques. Ces dernières renvoient non pas à des groupes réels, mais à la notion de rang dans la classification. Ces rangs sont aujourd'hui considérés par tous les spécialistes comme des conventions arbitraires, qu'on peut moduler à volonté, en introduisant autant de catégories intermédiaires qu'on voudra (super-genre, sous-famille, super-famille, etc.). Cependant, la catégorie d'espèce fait exception puisque la majorité des biologistes considèrent que celle-ci est la seule qui soit naturelle.

Dire que l'espèce est une catégorie naturelle signifie que la collection des organismes qu'on désigne comme membres d'une espèce (par ex. Homo sapiens) constitue un groupe qui est non seulement bien identifié, avec tel et tel caractère, mais qui reflète aussi un niveau de structuration essentiel de la diversité biologique puisque toutes les choses qu'on appelle des espèces se reconnaissent à une ou à quelques propriétés communes. Le critère de l'interfécondité est sans doute la propriété la plus communément mentionnée, mais ce n'est pas le seul possible. Même si tous les biologistes ne s'accordent pas sur la propriété que partagent toutes les espèces, ils sont généralement convaincus que celle-ci existe ou devrait pouvoir être dégagée. Cette exigence ne s'applique pas aux autres catégories taxinomiques. En effet, aucun biologiste n'a jamais tenté, par exemple, de formuler une propriété commune à toutes les familles, à tous les ordres ou à tous les embranchements.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Charles Darwin - crédits : Spencer Arnold/ Getty Images

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