ESPRIT, philosophie
La philosophie gréco-latine
Philon d'Alexandrie professe une conception biblique de l'esprit humain. La vacuité de ce dernier par rapport à l'esprit divin doit être réalisée pour que la « lumière » de Dieu pénètre, dans le domaine de la connaissance, l'esprit-lumière humain et y luise. Chez Anaxagore, l'esprit se présente comme un principe omnipotent, omniopératoire, omniscient, omniprésent, sans altération de sa nature. Chez Platon, les notions d'âme, de pensée, de science sont bien plus répandues que celle du νο̃υς (esprit). Cependant, on peut dire, avec le philosophe lui-même, que l'esprit est le pilote de l'âme (Phèdre). Ce noûs, véritable privilège de l'âme, qui seule de tous les êtres le possède, on peut reconnaître que non seulement, quant à l'acception la plus banale, il produit les « pensées » (νόηματα) dans les âmes, mais encore que (comme le montre l'envolée lyrico-métaphysique du Timée) il constitue l'apanage d'une catégorie restreinte d'hommes, et des dieux en général, tous les êtres humains non discriminés participant à la simple « opinion ». Aristote, dans la Politique, note deux parties dans l'âme, l'une non raisonnable, l'autre raisonnable ; l'« appétit » caractérise la première, l'esprit la seconde. On trouve un dualisme similaire dans la Naturalis Auscultatio : il y a l'âme et l'esprit de l'âme. La Métaphysique met en relief l'esprit de notre âme, qui est d'ailleurs comparé aux yeux. Épicure voit dans l'esprit une sorte d'organe de l'activité cognitive de l'âme, organe générateur de choix, d'interprétation, de mouvement. Numenius d'Apamée envisagerait trois degrés de l'esprit : l'essence-unité, le lieu des idées, l'incarnation de celles-ci. Plotin signale un contact noétique (avec l'intelligible divin) qui est antérieur à l'esprit particulier à chaque moi. Dans la philosophie grecque chrétienne, en général, l'âme prédomine, éclairée par l'Esprit (Saint-Esprit). L'union hypostatique apparaît comme une sorte de théorie de la connaissance, même à l'occasion chez saint Augustin, qui, au reste, se préoccupe de distinguer l'idée, l'âme, l'esprit, la raison, quand la rigueur de ses analyses l'exige.
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Écrit par
- Pierre CLAIR : docteur ès lettres
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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