Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ESPRIT, philosophie

XIXe et XXe siècles

Avec Schopenhauer, l'esprit conduirait à l'« objectivation de la volonté » (l'esprit correspond au devoir). Auguste Comte préfère le cerveau. Pour Scheler, la pleine valeur de l'esprit n'est et ne progresse qu'avec l'expérience (avec réciprocité). Cosanquet et Cattaneo envisagent la réalité efficace des « esprits associés ». Bertrand Russell a écrit The Analysis of the Mind. Karl Jaspers présente des tableaux où l'esprit apparaît au titre de « l'englobant que nous sommes » (immanent), avec, sur le même plan, l'« existence empirique » et la « conscience universelle »... Englobant dynamiseur du penser, du sentir et du faire, qui perd sa caractéristique d'esprit s'il s'objective. Selon Maurice Merleau-Ponty, voir et construire par l'esprit ne suffisent pas au niveau de la « pensée réfléchie » : il importe de comprendre. Pour Gaston Bachelard, l'esprit, c'est à la fois : 1. une activité rationnelle idéifiant, intellectualisant la réalité, qui à son tour influe sur ses démarches ; 2. un contenu psychique. Signalons comme étant à part une conception de l'esprit qui se recommande du « behaviorisme linguistique », avec G. Ryle ; et notons, dans le contexte existentialiste, que, chez Sartre, l'existence récupérera pour la matière « toutes les ressources morales et affectives de l'esprit » (O. Pucciani). En gros, depuis deux siècles, la référence à la notion d'esprit, ou son étude, se sont imposées, avec une notable diversité des points de vue. Il y eut des traditionalismes : Cournot, en pédagogue, distinguait l'esprit et la raison, le premier étant une faculté intellective qui est essentiellement active, mais qui a besoin de normes (rationnelles). On peut évoquer aussi les idéalismes (par exemple, celui, réalistique, de Léon Brunschvicg) et les démarches positivistes ou marxistes (primat du cerveau, la matière engendrant la pensée)... L'âme a-t-elle alors disparu au profit de l'esprit ? Bergson a montré qu'il n'en est rien ; et un problème demeure qui a trait aux rapports entre l'âme, la pensée, l'esprit, la matière.

— Pierre CLAIR

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • MATIÈRE/ESPRIT (notions de base)

    • Écrit par
    • 3 374 mots

    Alors que les sagesses orientales étaient toutes « monistes » (du grec monos, « unique »), autrement dit convaincues que le réel se réduisait à une unique dimension, les premières philosophies grecques ont choisi la voie du dualisme, opposant chacune à leur manière la matière à l’esprit,...

  • ALCHIMIE

    • Écrit par et
    • 13 647 mots
    • 2 médias
    ...notion d'alchimie « spirituelle » ou purement « psychologique » est aberrante, car elle méconnaît la fonction principale de l'alchimie : délivrer l'esprit par la matière en délivrant la matière elle-même par l'esprit. Cette mutuelle délivrance ne peut être accomplie que par l'art suprême,...
  • ÂME

    • Écrit par et
    • 6 021 mots
    ...Gassendi n'est pas loin de ces opinions ; il pense – peut-être, car l'interprétation de sa philosophie appelle nuances et prudence – à une forme animant l'esprit et le corps. Cependant, où se situerait exactement ce et ? En tout cas, Descartes, lui, sépare nettement les deux, l'union âme-corps posant...
  • ANAXAGORE (env. 500-428 av. J.-C.)

    • Écrit par et
    • 1 860 mots
    • 1 média
    C'est ici qu'apparaît un principe nouveau, celui qu'Anaxagore appelle le Noûs, c'est-à-direl'Esprit, principe spontané de mouvement, de pensée, de connaissance, de vie. Subtil, mais non immatériel, il est transcendant au mélangé, infini, autarcique, et ne se mêle à rien, bien qu'il soit présent...
  • ATTENTION

    • Écrit par
    • 1 929 mots
    Dès l’Antiquité, les philosophes ont noté quel’esprit permet de voir les choses plus clairement ou au contraire de ne plus les remarquer. De même, Descartes note qu’une idée apparaît plus claire et distincte quand l’attention se dirige vers elle. Au xixe siècle, David Ferrier, un neurophysiologiste...
  • Afficher les 39 références