ESQUIMAUX ou ESKIMO
Le terme « eskimo » (ou, selon l'orthographe française : esquimau, esquimaude, esquimaux), par référence à une culture et une famille linguistique particulières, désigne un ensemble de populations de l' Arctique qui, depuis la Sibérie orientale, se sont disséminées progressivement, par migrations successives, à travers le détroit de Béring, le long des côtes sud-ouest de l'Alaska et vers le grand nord de l'Alaska, du Canada, jusqu'au Groenland. L’habitat de ces populations, situé entre 210 de longitude ouest et 1720 de longitude est, et entre 560 et 730 de latitude nord, couvre un immense territoire totalisant environ 15 000 kilomètres de côtes. Cet immense territoire subit aujourd’hui un changement climatique accéléré (fonte des glaciers, recul de la banquise, réchauffement des sols, tempêtes...) qui bouleverse les conditions de vie et sème le désarroi. Les quelque cent quarante mille Eskimos recensés au début du xxie siècle sont rattachés politiquement à quatre États : la Russie, pour les Eskimo sibériens ; les États-Unis d’Amérique, pour ceux d’Alaska ; le Canada, pour ceux de l’Arctique central et du Labrador ; le Danemark, enfin, pour les Groenlandais.
Depuis les années 1970, certains groupes rejettent l'appellation eskimo, qu'ils estiment péjorative. Au Canada, ils préfèrent se désigner eux-mêmes par le terme inuit (singulier inuk) et au Groenland par le terme kalaallit (singulier kalaaleq). En Alaska, l'appellation « eskimo » est toujours utilisée, avec la distinction géographique et culturelle inupiat (pour les communautés du Nord) et yuit ou yupiit (pour celles de l'Ouest et du Sud-Ouest). Les Eskimo sibériens adoptent aussi, de nos jours, le terme yuit ou yupiget pour se désigner.
Famille linguistique
Il fut longtemps admis que le terme « esquimau », connu depuis le début du xviie siècle par les Français établis en Nouvelle-France, aurait été attribué à ces populations du grand nord canadien (qui elles-mêmes se désignaient simplement du nom d'Inuit, c'est-à-dire les « êtres humains ») par leurs voisins, leurs ennemis héréditaires, les Indiens Algonquins – ce mot d'« esquimau » signifiant dans leur dialecte « mangeurs de [viande] cru ». Une recherche de scientifiques québécois conduit à envisager une autre origine et une signification différente du terme. Il dériverait, selon eux, plutôt de ayassimew, de la langue des Indiens Montagnais, ou de esgimow, des Indiens Micmac, les deux mots signifiant « ceux qui parlent la langue d'une terre étrangère » et désignant tantôt les Inuit, tantôt d'autres Indiens dont le langage leur était inintelligible. En 1932, les ethnologues réunis au Congrès international de Washington décidèrent d'adopter la forme invariable « eskimo ».
L'ensemble des langues parlées par les Eskimo – classées en deux groupes, le yupik et l'inupiaq – est apparenté à la langue aléoute, utilisée dans l'archipel qui prolonge la péninsule d'Alaska en direction du Kamtchatka et forme avec celle-ci la famille linguistique eskaléoute. Tout apparentement avec une autre famille linguistique reste jusqu'à présent hypothétique.
L'idiome yupik est la langue des populations eskimo de Sibérie, des îles de la mer de Béring et de la côte sud-ouest de l'Alaska. Il se subdivise en cinq parlers, en réalité assez éloignés les uns des autres : le sirenikski, le chaplinski (ou yupik sibérien) et le naukanski, pour les ethnies eskimo de Sibérie orientale ; le yupik central et l'alutiiq, pour celles de l'Alaska occidental et méridional. L'inupiaq, en revanche, est constitué d'un continuum de dialectes, relativement proches les uns des autres, qui se retrouvent dans tout l'extrême nord du continent américain, depuis le détroit de Norton en Alaska jusqu'au[...]
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Écrit par
- Joëlle ROBERT-LAMBLIN : directeur de l'U.P.R. 2147 du C.N.R.S. (dynamique de l'évolution humaine : individus, populations, espèces)
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