ESQUIMAUX ou ESKIMO
Préhistoire
Il est aujourd'hui à peu près admis par l'ensemble de la communauté scientifique que les Eskimo sont des mongoloïdes dont les ancêtres sont venus de Sibérie, par le détroit de Béring, peupler d'ouest en est l'Arctique américain et le littoral groenlandais. D'autres hypothèses donnant aux Eskimo soit une origine amérindienne, soit une provenance asiatique et un peuplement d'est en ouest par la voie du Spitzberg et du Groenland n'ont pas été retenues.
Les lointains ancêtres (Protoeskimo) de ces populations ayant une langue commune, l'eskaléoute, pourraient avoir été des chasseurs nomades d'Asie centrale, qui auraient été refoulés vers le nord de la Sibérie et auraient pénétré, il y a 10 000 ans, dans le Nouveau Monde par la Béringie, vaste pont terrestre de 1 500 kilomètres de largeur qui rattachait la Sibérie à l' Alaska à cette époque glaciaire, avant d'être à nouveau immergé à la fonte des glaciers, il y a environ 8 000 ans, pour redevenir un détroit.
Dans l'état actuel des connaissances linguistiques, ethnologiques et archéologiques, on peut distinguer au moins deux grandes vagues de peuplement de l'Arctique nord-américain à partir de la région du détroit de Béring – celle des Paléoeskimo et celle des Néoeskimo – qui demeurent difficiles à relier entre elles. Les actuels Aléoutes et les Yuit, locuteurs de la langue yupik, seraient les descendants des Paléoeskimo, tandis que les Inuit, parlant l'inupiaq, seraient issus de la vague néoeskimo, porteuse de la culture thuléenne, qui s'est propagée d'ouest en est il y a à peine 1 000 ans.
En remontant le temps, nous trouvons donc en premier lieu la culture thuléenne, celle des Eskimo chasseurs de baleines, qui, à la faveur d'un réchauffement climatique à la fin du Ier millénaire de l'ère chrétienne, se sont installés en quelques générations dans tout le Grand Nord, progressant depuis l'Alaska jusqu'au Groenland. Possesseurs de kayaks et d'umiaq (grandes barques de peaux utilisées pour la chasse à la baleine franche et pour les migrations) et de traîneaux à chiens, habitant alternativement dans de grandes maisons semi-souterraines, en forme de trèfle, faites de pierres, tourbe et os de baleine, ou sous la tente, ils vivaient essentiellement des mammifères marins, qu'ils chassaient au moyen de harpons reliés à des flotteurs. À l'occasion, ils poursuivaient les animaux terrestres de la toundra, caribous et bœufs musqués, qu'ils abattaient à l'aide de lances et de flèches.
Au Groenland occidental, sous l'effet conjoint des contacts avec les Vikings – les colons scandinaves installés au sud du pays depuis 982 – et d'une adaptation climatique et écologique les amenant notamment à bien maîtriser la chasse au phoque en kayak, leur mode de vie se modifia. Ces transformations donnèrent naissance à la culture inugsuk, l'ancêtre direct de la culture groenlandaise, encore observable au xxe siècle dans certaines régions du Groenland.
Dans l'Arctique central et oriental, les Thuléens avaient été précédés par d'autres populations, les Dorsétiens, porteurs d'une tradition différente, dont l'origine aussi bien que le sort final, après les contacts avec l'envahisseur thuléen, demeurent mal connus. Antérieurement encore aux Dorsétiens, il y avait eu les Pré-Dorsétiens et, au Groenland, des groupes de nomades dont les cultures, appelées Independance I (remontant à plus de 4 000 ans), Sarqaq et Independance II, ont laissé des vestiges archéologiques. Ces diverses cultures paléoeskimo orientales (Prédorset, Independance et Sarqaq) dérivent de ce qui a été appelé la « tradition microlithique de l'Arctique » (ou T.M.A.) en raison de la taille très réduite de l'outillage de pierre, dont l'origine est l'Alaska et qui[...]
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Écrit par
- Joëlle ROBERT-LAMBLIN : directeur de l'U.P.R. 2147 du C.N.R.S. (dynamique de l'évolution humaine : individus, populations, espèces)
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