ESQUIMAUX ou ESKIMO
Mode de vie traditionnel
Malgré une certaine diversité observable dans les modes d'existence des ethnies dispersées sur l'immense territoire des Eskimo, diversité due essentiellement à des particularités locales de l'environnement ou à des événements historiques régionaux, il existe de très nombreux points communs entre toutes ces petites sociétés de chasseurs.
Les Inuit (ou encore Yuit, ou Suit selon les régions), « les hommes par excellence » comme ils se nomment eux-mêmes, ont développé des moyens très spécifiques d'adaptation au milieu particulièrement rigoureux de l'Arctique. Parmi les contraintes environnementales qu'ils subissent, il faut citer : le sol gelé en permanence en profondeur (permafrost) ; l'absence d'arbres, excepté ceux qui sont charriés par la mer (bois de flottage), et la végétation de maigre toundra recouverte de neige une grande partie de l'année ; les températures, très basses l'hiver, s'élevant rarement au-dessus de 10 0C dans les mois les plus chauds ; la division de l'année en deux saisons très inégales et contrastées : un hiver long, en partie sombre et glacial, et un été court, lumineux et frais ; la mer gelée pendant plusieurs mois rendant difficile l'accès à ses ressources indispensables à la survie, etc. Les réponses adaptatives des Eskimo à ces particularités de l'environnement, plus ou moins accentuées selon la latitude, se retrouvent dans leur organisation sociale et leur culture matérielle.
Chasseurs nomades – ou semi-nomades – pratiquant à l'occasion la pêche et la cueillette, les Eskimo habitaient traditionnellement les régions côtières et dépendaient essentiellement des produits de la mer, notamment des mammifères marins, à l'exception toutefois de quelques groupes installés à l'intérieur des terres, tels les Eskimo de l'intérieur du nord de l'Alaska, les Eskimo Caribou et les Inuit du Québec, qui vivaient essentiellement d'animaux terrestres, mais pouvaient se trouver en situation de complémentarité avec des groupes du littoral.
Les ethnies, comprenant quelques dizaines ou quelques centaines d'individus et désignées – souvent avec la terminaison -miut, qui signifie « les gens de » – par leur situation géographique (ceux du Nord, du dos, etc.), par leur richesse cynégétique (ceux du phoque, des capelans, de la baleine, du caribou...) ou encore par une particularité locale (ceux du cuivre), regroupaient des unités plus petites, dispersées sur des territoires donnés et constituant de véritables cellules autarciques : la famille patriarcale. Lors de rencontres saisonnières pour des chasses, pêches ou cueillettes collectives, les petits groupes familiaux isolés se retrouvaient, échangeant alors nouvelles, connaissances, biens ou conjoints. Seules quelques ethnies eskimo yupik étaient des sociétés à clans ou à classes (il y avait notamment la prestigieuse caste des baleiniers chez les Eskimo du Pacifique) ; dans les ethnies inupiat, la communauté ne se divisait pas en classes et ne reconnaissait aucun chef véritable, toutefois en certaines occasions un « ancien », grand chasseur au savoir reconnu, prenait les décisions intéressant la collectivité. Le partage communautaire du gros gibier, selon des règles très précises, était le fondement de la cohésion sociale et de la survie des petits groupes souvent menacés par la famine.
Parmi les éléments les plus caractéristiques de la culture matérielle des Eskimo, on peut citer : la maison semi-enterrée de tourbe et de pierre et l'igloo de neige de l'Arctique central, habitat d'hiver de la grande famille patriarcale ; la tente en peaux des migrations d'été ; le traîneau à chiens permettant de se déplacer sur neige et glace ; le kayak et l'umiaq, embarcations de peaux pour la navigation en eau libre ; le harpon avec flotteur qui retient[...]
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Écrit par
- Joëlle ROBERT-LAMBLIN : directeur de l'U.P.R. 2147 du C.N.R.S. (dynamique de l'évolution humaine : individus, populations, espèces)
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