ESSAI SUR LE PRINCIPE DE POPULATION (T. R. Malthus) Fiche de lecture
Heurs et malheurs de l'« Essai »
L'Essai fit à son époque et pour longtemps grand bruit, accueilli favorablement par les milieux whigs, condamné par les anglicans pour sa théologie naturelle et son pélagianisme, salué par les libéraux français (Say) et anglais (Mill), ainsi que par les économistes Ricardo et Keynes, critiqué, voire insulté, par Proudhon et Marx.
Selon ses détracteurs, le livre, par certaines phrases chocs propres à offenser les bonnes consciences et les droits de l'homme, marquait, sous le couvert du vernis de la science, une haine du peuple et un mépris de la vie humaine. Par ailleurs, la nouvelle fortune que lui donna d'abord le darwinisme, le desservit finalement, en le rapprochant des thèses de G. Vacher de Lapouge sur les effets biologiques pervers de la charité, et en l'entraînant dans les dérives eugénistes du néo-darwinisme et de la sociobiologie.
Si le caractère scientifique des deux lois énoncées par Malthus a été maintes fois démenti, il importe pour toute évaluation de rappeler d'une part l'ancienneté et l'universalité de la problématique malthusienne, et d'autre part de souligner la fécondité heuristique à raisonner en termes de mortalité non pas naturelle mais accidentelle.
Au fond, la difficulté fondamentale de l'Essai tient à son ambition de donner pour tâche à la démographie naissante la résolution du problème de l'articulation du rapport entre morale et économie.
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Écrit par
- Éric LETONTURIER : docteur en sociologie, D.E.A. de philosophie, maître de conférences à l'université de Paris V-Sorbonne
Classification
Média