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ESSAIS FLORENTINS, Aby Warburg Fiche de lecture

Descendant d'une très vieille famille de banquiers juifs de Hambourg, Aby Warburg (1866-1929) est une figure aussi remarquable qu'influente de l'avant-guerre et de la république de Weimar. Un accord passé avec ses frères, qui reprirent la firme paternelle, lui permit de se consacrer à ses recherches, à ses voyages et à la constitution de la bibliothèque Warburg. Loin d'être un esthète dilettante, il est le fondateur d'une nouvelle approche de l'art, âme d'un cercle de chercheurs qui partagèrent sa curiosité passionnée pour la culture italienne de la Renaissance. Le recueil d'études mis si tardivement à la disposition du lectorat français est éminemment représentatif de ses curiosités et présente des découvertes qui font autorité depuis près d'un siècle. Tous les textes qu'il rassemble tournent autour de la question de la ré-appropriation de la culture antique entre le milieu du xve siècle et le milieu du siècle suivant.

Un banquier érudit et un mécène de la recherche

<it>Le Printemps</it>, S. Botticelli, détail: Vénus - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le Printemps, S. Botticelli, détail: Vénus

Aby Warburg a rédigé, de 1888 à 1893, une thèse sur Botticelli et s'est attaché à analyser les facteurs d'influence et les composantes d'un style qu'il qualifie d'idéaliste et de décoratif. Il a mené dans les archives de Florence des investigations, que lui-même compare avec humour à des enquêtes policières, sur les artistes, leurs commanditaires et les conseillers humanistes de ces derniers, dépouillant des mémoires et des livres de souvenirs, des correspondances et des comptabilités, des listes d'imposition et des recueils d'héraldique. Comme Burckhardt, au « génie » duquel il rend un hommage admiratif, il a lu, en parallèle, les philosophes et les poètes, les théologiens et les historiens italiens de la Renaissance. Il confie que, malgré sa répugnance initiale, il a dû aborder l'histoire de l'astrologie, qui s'est révélée, comme l'avait déjà signalé Burckhardt, une des clés essentielles de la compréhension des mentalités de la Renaissance. Ayant ainsi mesuré à quel point il était important de pouvoir disposer de ressources bibliographiques très ouvertes, il a formé le projet d'une vaste bibliothèque, d'abord personnelle, puis ouverte aux chercheurs universitaires à Hambourg, et enfin d'une fondation privée à vocation publique, alimentée par la générosité des Warburg. Cette bibliothèque fut le lieu de travail et de rencontres intellectuelles de tout un cercle d'historiens de l'art et de la culture : Fritz Saxl, son responsable, Ernst Cassirer, Erwin Panofsky, et bien d'autres.

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence

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Média

<it>Le Printemps</it>, S. Botticelli, détail: Vénus - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le Printemps, S. Botticelli, détail: Vénus