ESTONIE
Nom officiel | République d'Estonie (EE) |
Chef de l'État | Alar Karis (depuis le 11 octobre 2021) |
Chef du gouvernement | Kaja Kallas (depuis le 26 janvier 2021) |
Capitale | Tallinn |
Langue officielle | Estonien |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
1 418 000 (2024) |
Superficie |
45 339 km²
|
Histoire
Conquérir pour convertir
Les premières populations qui ont occupé le territoire actuel de l'Estonie sont sans doute des tribus originaires des régions ouraliennes, qui se fixèrent sur la côte orientale de la Baltique au ve siècle avant J.-C.
Les Estes, ancêtres des Estoniens, vivaient en petits groupes qui ne constituaient pas un État, répartis autour des lieux de pêche ou de chasse. Un semblant de « communauté » se forma à partir du ixe siècle pour résister aux envahisseurs vikings qui cherchaient une route fluviale vers l'Orient.
L'échec des croisades en Palestine provoqua en Europe une réaction contre les peuplades païennes. À partir du xiiie siècle, une double croisade fut lancée : l'une, sous le commandement d'Albert de Buxhövden, conquit le sud de l'Estonie actuelle (Livonie du Nord) et l'autre, dirigée par le roi du Danemark Valdemar II, fonda Tallinn en 1219. Les velléités de résistance des Estes furent longtemps contenues par les croisés germaniques. Malgré leur échec devant Alexandre Nevski en 1242, ceux-ci, regroupés dans l'Ordre de Livonie, étendirent leur influence jusqu'à Tallinn qu'ils appelèrent Reval et firent entrer dans le réseau de la Hanse (1248).
Après avoir écrasé le soulèvement paysan de la Saint-Georges (1345), l'Ordre de Livonie acheta aux Danois en 1346 leurs « droits » sur l'Estlandie (le pays des Estes) et devint ainsi maître du pays. Il réduisit les paysans estes au servage et les maintint dans un état de servitude alors que lui-même s'enrichissait par ses activités commerciales.
La Réforme : Germaniques et Suédois
Le ralliement d'une partie des propriétaires germaniques aux thèses de Luther en 1525 bouleversa le pays estonien en marquant la fin du pouvoir romain, sans la remplacer par une autorité reconnue par tous. Le tsar de Russie Ivan IV profita de cet affaiblissement de l'Ordre pour attaquer la Livonie et l'Estlandie. Le pays fut déchiré par la guerre (1558-1582). L'Ordre de Livonie s'y épuisa et disparut. Ce dont profitèrent les Polonais et surtout les Suédois. Ces derniers établirent leur autorité pour un siècle sur l'Estlandie, tandis que les Polonais dominaient Riga et la Livonie. Les nouveaux pouvoirs politiques ne diminuèrent pas l'autorité réelle des barons baltes, descendants des chevaliers de l'Ordre de Livonie et propriétaires des terres. Mais Polonais et Suédois entrèrent bientôt en rivalité et la Suède s'empara de toute la Livonie jusqu'à Riga (paix d'Oliva en 1662). Cette époque est restée dans les mémoires locales comme étant le « bon temps suédois » ; de fait, la paysannerie estonienne connut une certaine amélioration de son sort sous le règne de Charles XI, sans que pour cela le régime du servage fût remis en question.
La Grande Guerre du Nord (1700-1721)
L'occupation suédoise en Estlandie et en Livonie faisait obstacle aux ambitions du nouveau tsar de Russie Pierre Ier le Grand qui voulait donner à son pays, à l'instar de ses prédécesseurs, un accès à la Baltique. La guerre inévitable contre la Suède se prolongea pendant dix ans avec des succès divers et se termina par la défaite de Charles XII de Suède à Poltava (Ukraine) en 1709. Le traité de Nystad (1721) mit fin à la domination suédoise sur toute la région baltique.
Sous l'Aigle russe
Durant la domination tsariste, l'Estlandie et la Livonie vont connaître, jusqu'à la Première Guerre mondiale, deux siècles de paix. Pendant tout le xviiie siècle, les barons allemands, très appréciés par Pierre le Grand et ses successeurs pour leurs compétences administratives, maintinrent leur pouvoir absolu sur les paysans. Seuls quelques pasteurs portèrent alors un intérêt au sort des autochtones. Il fallut attendre la seconde moitié du xviiie siècle pour voir, sous[...]
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Écrit par
- Céline BAYOU
: docteure en civilisation russe, option géographie (Institut national des langues et civilisations orientales), rédactrice pour les revues
Questions Internationales etP@ges Europe de la Documentation Française, corédactrice en chef de la revueRegard sur l'Est , chargée de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales - Suzanne CHAMPONNOIS : docteur de l'Université, ancien maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales (histoire des pays Baltes)
- Jean-Luc MOREAU : écrivain, traducteur
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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