ESTONIE
Nom officiel | République d'Estonie (EE) |
Chef de l'État | Alar Karis (depuis le 11 octobre 2021) |
Chef du gouvernement | Kaja Kallas (depuis le 26 janvier 2021) |
Capitale | Tallinn |
Langue officielle | Estonien |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
1 418 000 (2024) |
Superficie |
45 339 km²
|
L'Estonie indépendante
L'Estonie, le plus petit et le moins peuplé des trois États communément désignés comme « baltes », se distingue de ses voisins letton et lituanien, non seulement par son identité non balte justement, mais aussi par les choix retenus, après l'indépendance, en faveur de sa transition économique : résolument favorable à l'ultralibéralisme, l'Estonie a souvent été qualifiée d'État le plus dynamique des pays est-européens, et présentée comme modèle du passage réussi d'une économie centralement planifiée à une économie de type capitaliste. Ce « tigre de la Baltique » a, dans une certaine mesure, fait preuve de la même résolution lors de la restauration de son indépendance et de l'instauration d'un régime démocratique fondé sur l'idée nationaliste.
Une marche décidée vers l'indépendance
Avançant par étapes, l'Estonie soviétique a su faire preuve d'habileté sur le parcours qui l'a menée vers le rétablissement de l'indépendance. L'année 1988 est généralement considérée comme décisive : en janvier a été créé un Parti pour l'indépendance ; le 14 avril, une journée de protection du patrimoine estonien a rassemblé à Tartu environ dix mille personnes, arborant, pour la première fois depuis le début de l'occupation soviétique (1940-1991), le drapeau estonien ; durant l'été se sont succédé dans le pays des festivals de chant, vecteurs importants de l'identité nationale estonienne (on évoquera, à propos du retour à l'indépendance, la « révolution chantante ») ; le 11 août, une revue estonienne a publié le texte des protocoles secrets du Pacte germano-soviétique de 1939, etc.
Mais, surtout, dans le sillage de la Lituanie, l'Estonie s'est dotée en 1988 d'un Front populaire (Eestimaa Rahvarinne) qui apparaît d'abord comme une force se situant entre le Parti pour l'indépendance et le Parti communiste, et qui jouera un rôle essentiel, donnant la priorité aux revendications d'autonomie économique : le Front demande notamment que la terre soit propriété de la République ou que soit instaurée la réforme du système de formation des prix. Moscou, et c'est précisément là l'habileté du Front, voit dans un premier temps ce « laboratoire estonien des réformes » plutôt d'un bon œil.
Le 16 novembre 1988, le Parlement estonien a pris une décision particulièrement radicale, en votant massivement en faveur de la souveraineté de l'Estonie (désormais, les lois adoptées à Moscou ne seront appliquées en Estonie qu'après un second vote du Parlement estonien). Or, par cette décision, les Estoniens ont fait le choix du respect du droit soviétique, ce que personne n'avait imaginé jusque-là, forçant Mikhaïl Gorbatchev, alors secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique, à faire amender la Constitution soviétique pour rendre cette décision inopérante.
Il en faudra plus pour empêcher l'Estonie de s'émanciper et d'aboutir, le 30 mars 1990, à la suite de la Lituanie, à la proclamation de son indépendance, précisant toutefois, afin de ne pas provoquer l'ire de Moscou, que ce processus serait atteint progressivement. Formellement, l'indépendance sera restaurée le 20 août 1991, à la faveur du putsch avorté contre Gorbatchev. Aussitôt, le noyau dur du Front populaire se transforme en Parti du centre ; il joue depuis lors un rôle non négligeable dans la vie politique du pays.
Démocratie, nationalisme et modernité
Dès le 28 juin 1992 a été adopté par référendum un projet de Constitution, inspiré de celle de 1920. Il s'agit d'un texte de compromis, instituant un équilibre entre le gouvernement, un Parlement monocaméral fort (Riigikogu, composé de cent un membres élus pour quatre ans) et le président. Doté[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Céline BAYOU
: docteure en civilisation russe, option géographie (Institut national des langues et civilisations orientales), rédactrice pour les revues
Questions Internationales etP@ges Europe de la Documentation Française, corédactrice en chef de la revueRegard sur l'Est , chargée de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales - Suzanne CHAMPONNOIS : docteur de l'Université, ancien maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales (histoire des pays Baltes)
- Jean-Luc MOREAU : écrivain, traducteur
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ESTONIE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
BALTES PAYS
- Écrit par Suzanne CHAMPONNOIS
- 1 320 mots
Les territoires actuels de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie forment un ensemble géographique soudé de 175 000 kilomètres carrés. On a coutume de dire que ces États constitueraient un tout, les pays Baltes. Or, en dehors de leur unité géographique sur la rive orientale de la mer Baltique,...
-
EUROPE - Diversité religieuse
- Écrit par Michel MIAILLE et Kathy ROUSSELET
- 11 341 mots
...russe, qui est l'un des derniers vestiges, peut-être le dernier, de l'Empire russe et de l'Union soviétique, voit son territoire traditionnel contesté. En Estonie, le gouvernement a ainsi reconnu en 1992 l'Église orthodoxe estonienne (dite synode de Stockholm) en exil en Suède depuis la guerre et... -
MINORITÉS DROIT DES
- Écrit par Yves PLASSERAUD
- 11 250 mots
- 3 médias
-
TALLINN
- Écrit par Suzanne CHAMPONNOIS
- 667 mots
- 2 médias