ESWATINI, anc. SWAZILAND
Nom officiel | Royaume d'Eswatini (SZ) 1
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Chef de l'État et du gouvernement | Le roi Mswati III (depuis le 25 avril 1986). Premier ministre : Russell Dlamini (depuis le 6 novembre 2023) |
Capitales | Mbabane (capitale administrative et judiciaire) et Lobamba (capitale législative) |
Langues officielles | Anglais, swazi |
Unité monétaire | Lilangeni (SZL) 4
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Population (estim.) |
1 206 000 (2024) |
Superficie |
17 364 km²
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Une économie prospère dans un pays pauvre
L’Eswatini présente ce paradoxe d'être un pays relativement prospère, même si la situation se dégrade lentement dans les années 2010, rassemblant une population largement plongée dans la grande pauvreté. C'est que l'économie du pays est fortement duale, associant un secteur commercial et moderne performant, mais restreint et contrôlé par un groupe réduit de dirigeants, à un secteur de subsistance archaïque et affaibli concernant l'essentiel de la population.
Le dualisme de l'économie agricole est en partie lié au statut foncier. La terre, et notamment les 10 p. 100 du territoire constituant la surface arable, est répartie entre les terres de la Couronne (pour 60 p. 100) et les terres privées (40 p. 100) appartenant essentiellement à des Européens et à de grandes compagnies agraires associées souvent à des intérêts de l'État. Le fonds spécial (Tibiyo Taka Ngwane), directement géré par le roi et chargé depuis l'indépendance de racheter les terres expropriées lors de la colonisation et de les affecter aux Swazi, fonctionne de manière assez opaque. La population rurale vit de l'agriculture de subsistance et de l'élevage sur ces terres communales propriétés de la Couronne (Swazi National Land), soumises à des sécheresses récurrentes et dont le sol est fortement dégradé. Sur ces terres, les conditions d'exploitation sont difficiles et, en conséquence, les paysans contribuent très peu au PIB, d'autant que la plupart des exploitations ont une superficie inférieure à un hectare. Inversement, les cultures d'exportation proviennent pour l'essentiel des fermes privées gérées par des intérêts et entrepreneurs étrangers souvent associés au Tibiyo Taka Ngwane. Les productions de sucre de canne, de jus de fruits, de pâte à papier et d'autres produits forestiers, de fruits et de coton sont ainsi les principales sources de revenus à l'exportation du pays. La contribution de l'agriculture au PIB est extrêmement fluctuante (autour de 10 p. 100 en moyenne), les aléas climatiques constituant un facteur aggravant (comme la grande sécheresse de 2015-2016).
Les activités minières connaissent un déclin depuis la fin des années 1980. L'amiante et le charbon sont en régression bien que de nouveaux gisements de charbon soient en cours d'exploitation. Inversement, les activités manufacturières, notamment dans le secteur du textile et de la transformation des produits agricoles, enregistrent une croissance significative, de sorte que l'industrie représente environ 50 p. 100 du PIB. Cependant, la baisse des cours mondiaux du sucre depuis 2012 affecte particulièrement le pays qui en est le quatrième producteur africain. Enfin, on notera une croissance modeste du tourisme.
L'économie reste ainsi très fragile et dépend encore de deux sources externes de revenus : d'une part, des envois de fonds des migrants travaillant dans les mines et l'agriculture en Afrique du Sud, qui demeurent importants même si le nombre de ces travailleurs ne cesse de diminuer, en raison d’une part de la situation de l'emploi minier en RSA et des lois restrictives en matière d’immigration qu’elle a adoptées en 2015, ainsi que de la contamination par le HIV ; d'autre part, des reversements des droits liés à l'Union douanière d'Afrique australe (la SACU, Southern African Customs Union), eux aussi en baisse en raison de la diminution progressive des droits de douane.
L'aide internationale tend à augmenter avec l'impact de l'épidémie de sida. Cette économie duale, fortement marquée par la perte de main-d'œuvre qualifiée, ne parvient pas à répondre aux besoins d'une population en quête de revenus (plus de 40 p. 100 de la population est au chômage) et d'une jeunesse urbanisée dépourvue d'avenir. [...]
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Écrit par
- Dominique DARBON : professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Benoît DUPIN : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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