ESWATINI, anc. SWAZILAND
Nom officiel | Royaume d'Eswatini (SZ) 1
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Chef de l'État et du gouvernement | Le roi Mswati III (depuis le 25 avril 1986). Premier ministre : Russell Dlamini (depuis le 6 novembre 2023) |
Capitales | Mbabane (capitale administrative et judiciaire) et Lobamba (capitale législative) |
Langues officielles | Anglais, swazi |
Unité monétaire | Lilangeni (SZL) 4
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Population (estim.) |
1 206 000 (2024) |
Superficie |
17 364 km²
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Le traditionalisme érigé en principe politique
L'émergence d'une identité nationale
Le groupe swazi est né des conflits et rapprochements entre clans venant du nord de la région australe depuis le xviie siècle et tentant par la suite de résister aux attaques et dévastations liées à l'expansion zulu et à la colonisation blanche du xixe siècle. Sous l'égide de leurs trois chefs historiques (Ngwane III (17...-1780), Sobhuza I (1795-1836 ou 1839) et Mswati II (1820 environ-1868), les Swazi parvinrent à étendre leur territoire, à résister aux tentatives successives d'annexion des Zulu, puis à s'unifier sur le modèle zulu d'un peuple en armes, autour d'un appareil de gestion centralisé et d'une langue commune. La remontée vers le nord des Voortrekkers (colons blancs venant du Cap) affecta très fortement le territoire. Les Voortrekkers installèrent des républiques (Ohrigstad et Lydenburg en 1845) sur les marches du royaume et incorporèrent progressivement d'autres territoires. En 1866, la république d'Afrique du Sud absorba une partie du territoire swazi. Les Britanniques, peu intéressés, lui laissèrent la gestion du territoire et n'en prirent le contrôle qu'à la fin de la guerre des Boers (1899-1902) en transformant, en 1904, le Swaziland en protectorat, à l'instar du Bechuanaland et du Basutoland. Le pays a alors perdu les neuf dixièmes de la superficie atteinte sous Mswati II. Pis, par une proclamation de 1907, les deux tiers des terres restantes sont attribués à des colons blancs tandis que plus du cinquième de la population swazi est dépouillé de ses terres et déplacé de 1909 à 1914 dans des réserves. Sur le territoire, les Blancs disposent d'un système de gouvernement particulier (European Advisory Council), les institutions traditionnelles autour du roi et de la chefferie étant chargées, dans un système d'indirect rule des plus classiques, de la gestion des Swazi. Le roi Sobhuza II, intronisé en 1921, parviendra à éviter l'incorporation du territoire dans une Afrique du Sud versant à partir de 1948 dans l'apartheid et obtiendra, après une période d'autogouvernement, l'indépendance du pays le 6 septembre 1968 sur la base d'une Constitution inspirée du modèle de Westminster.
Une stratégie monarchiste de domination
Les institutions de l'indépendance masquaient la permanence d'un système de régulation politique parallèle fondé sur le roi, les structures politiques traditionnelles, le lignage royal des Dlamini et la chefferie. L'accès au Parlement de quelques députés du parti d'opposition du Dr Zwane, Ngwane Nation Liberatory Congress, lors des premières élections de l'indépendance en mai 1972, alors même que le parti « du roi », l'Imbokodvo National Movement, était largement majoritaire, fournit l'occasion au roi Sobhuza II de suspendre la Constitution le 12 avril 1973, d'interdire les partis politiques et les syndicats et de s'octroyer les pleins pouvoirs en s’appuyant sur les Dlamini et la quasi-totalité de la chefferie. Désormais, le roi, assisté par son Grand Conseil (le Liqoqo), est la seule autorité politique du pays et gouverne par décrets. De nouvelles élections organisées en octobre 1978 permirent la formation d'un Parlement élu au suffrage indirect par le peuple, sur une base non partisane et à travers le filtre étroit de la chefferie. Associée à la réactivation de l'ensemble des institutions traditionnelles, cette procédure permettait à la cour de contrôler le système institutionnel tout en donnant des gages formels de modernité politique.
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Écrit par
- Dominique DARBON : professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Benoît DUPIN : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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