CHOC ÉTAT DE
Lésions et réaction
La lésion est sans doute indispensable à l'établissement du choc, de même que l'absence de son traitement entretiendra la réaction et favorisera l'évolution vers l'irréversibilité. Mais le traitement de la lésion ne suffit pas toujours à supprimer la réaction qu'elle provoque. Toutes les formes d'énergie (mécanique, chimique, thermique, radiante) peuvent agresser l'organisme et la lésion pourra être systémique, organique, tissulaire, cellulaire. Elle s'associe souvent à une diminution de la masse sanguine circulante, soit par hémorragie, soit par stockage dans certaines aires vasculaires, ou encore et souvent par les deux mécanismes combinés.
De toute façon, les lésions les plus immédiatement graves ne sont pas toujours celles qui sont génératrices de choc, bien que par l'œdème, par les pertes hydriques et électrolytiques locales et les résorptions toxiques qu'elles provoquent, ces lésions puissent dans certaines formes de choc (brûlure, écrasement) intervenir gravement dans l'évolution vers la mort.
Le système mis le premier en état d'alerte à la suite d'une agression est le système nerveux. Le rôle du système sympatho-adrénergique dans le choc a été soupçonné depuis longtemps (Cannon, 1923). La réponse de ce système se caractérise essentiellement par une libération abondante de catécholamines (adrénaline, noradrénaline), libération qui surviendra tant à la terminaison des fibres du système sympathique qu'au niveau des glandes surrénales. Le passage de ces catécholamines dans la circulation aura deux types de conséquences : vasomotrices et métaboliques, encore que les phénomènes vasomoteurs soient eux-mêmes le résultat de phénomènes métaboliques prenant place dans les cellules musculaires lisses des vaisseaux.
Mécanismes déclenchant et entretenant le choc
Ils sont avant tout les conséquences vasomotrices de la libération des catécholamines qui prédominent au niveau des viscères abdominaux dont les vaisseaux, sous leur influence, diminuent de calibre. Le foie, les intestins et le rein auront ainsi un débit circulatoire considérablement ralenti. La perfusion d'adrénaline à un animal normal provoque les mêmes phénomènes vasomoteurs et aboutit d'ailleurs à l'apparition d'un état de choc.
Au niveau de l'intestin, les cellules de la fragile muqueuse intestinale, très sensibles au manque d'oxygène, vont mourir et se libérer dans la cavité intestinale. La rupture de petits vaisseaux aboutira à une diarrhée sanglante. Les hémorragies gastriques sont fréquentes dans le choc des grands brûlés. Les produits du métabolisme des microbes intestinaux, hautement toxiques, pourront alors passer dans le sang de la veine porte. Le système réticulo-endothélial et parenchymateux du foie, dont la fonction est déprimée par la diminution du débit circulatoire hépatique, n'opposera plus sa fonction antitoxique à l'envahissement de la grande circulation. Un facteur toxique va donc s'ajouter au facteur purement vasomoteur et métabolique. Ce facteur toxique est variable suivant les espèces animales, relativement restreint chez l'homme, particulièrement important chez le chien, mais la désinfection prophylactique de la flore intestinale est toujours un facteur de prévention du choc chez l'homme quand on peut en craindre l'apparition au cours d'une intervention majeure sur un organisme fragile.
Au niveau du rein, la diminution de la circulation sera surtout manifeste dans la région corticale et particulièrement aiguë au cours de certains chocs (grands brûlés, écrasement de membre). Les glomérules assurant la filtration plasmatique ne seront plus irrigués. La diurèse sera interrompue et avec elle l'élimination des métabolites acides. L'acidose métabolique due à l'anoxie tissulaire en sera donc aggravée.[...]
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Écrit par
- Geneviève LABORIT : médecin-anesthésiste des Hôpitaux de Paris
- Henri LABORIT : chirurgien des hôpitaux de Paris
- Jean PAUPE : professeur de médecine expérimentale, chef du service d'immuno-allergologie infantile à l'hôpital Necker-Enfants malades
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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