ÉTAT ISLAMIQUE (EI) ou DAECH ou DAESH
D’abord connu sous le nom d’État islamique en Irak et au Levant (EIIL ; al-Dawlah al-Islāmiyyah fī al-ʿIrāq wa al-Shām en arabe, abrégé Dāʿash ou Daesh), ce groupe d’insurgés sunnites, qui opère principalement dans l’ouest de l’Irak et l’est de la Syrie, s’autoproclame État islamique en juin 2014. Né de la fusion de l’État islamique en Irak (EII), qui réunissait des vétérans d’Al-Qaida et de l’ancienne armée de Saddam Hussein, et d’un groupe de rebelles syriens, il a commis ses premières actions sous le nom d’EIIL en avril 2013. Il lance au début de l’année 2014 une offensive qui chasse les forces gouvernementales hors des villes clés de l’Ouest irakien, tout en combattant simultanément les factions rebelles engagées dans la guerre civile syrienne. En juin 2014, après avoir étendu son contrôle sur une part significative du territoire irakien, il proclame la fondation d’un califat dirigé par son leader : Abou Bakr al-Baghdadi.
L’implantation en Irak
L’organisation État islamique trouve son origine dans la guerre d’Irak de 2003-2011. Son précurseur direct, Al-Qaida en Irak (AQI), fut l’un des acteurs centraux d’une vaste insurrection sunnite contre le gouvernement irakien (contrôlé par des chiites) et les forces d’occupation étrangères. Sous la direction d’Abou Moussab al-Zarkaoui, AQI a mené certaines des attaques les plus brutales et les plus spectaculaires du conflit. Peu après le décès d’al-Zarkaoui, en 2006, l’organisation a fusionné avec plusieurs petits groupes extrémistes, et s’est rebaptisée État islamique en Irak (EII). Cette appellation témoignait déjà de ses ambitions territoriales et de son aspiration à s’ériger en guide universel de la communauté musulmane. L’activisme de l’EII décline cependant à partir de 2007, quand plusieurs tribus sunnites de l’ouest du pays se retournent contre lui. Ce revirement, en partie dû au traitement que réserve l’EII aux populations qu’il contrôle, doit aussi beaucoup à la nouvelle stratégie mise en place pour lutter contre lui. Outre l’achat de la neutralité des chefs de tribu par ses adversaires, l’EII est en effet affaibli par la mort de ses leaders historiques, victimes des attaques des troupes américaines et irakiennes.
Mais, en 2010, un militant plus jeune, Abou Bakr al-Baghdadi (né Ibrahim Awwad Ibrahim Ali al-Badri al-Samarrai), qui vient de passer cinq ans dans une prison américaine du sud de l’Irak, prend la tête de l’organisation. L’attitude quasi sectaire des politiques irakiens et la répression menée contre les sunnites par le gouvernement du Premier ministre Nouri al-Maliki – sous prétexte de lutte contre Al-Qaida et les vestiges du régime Baas – entretiennent les réactions extrémistes dans les régions sunnites de l’ouest de l’Irak. Le mécontentement croissant des sunnites ainsi que le départ progressif des troupes étrangères d’Irak donnent à l’EII l’occasion de se redresser vers 2011. Les attentats à la bombe commis par des extrémistes sunnites connaissent alors une forte recrudescence.
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