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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) L'architecture

Comme les autres arts, l'architecture des États-Unis a été travaillée par le désir de déclarer son indépendance artistique vis-à-vis de l'Europe et de parvenir à l'originalité. Mais cette aspiration s'est réalisée de manière ambiguë. Longtemps tributaire de modèles puisés aux sources des anciennes puissances coloniales (la Grande-Bretagne, mais aussi l'Espagne), l'architecture américaine a commencé à s'émanciper après la guerre de Sécession avec l'essor du gratte-ciel et de l'habitat unifamilial.

Dans l'entre-deux-guerres, le style Art déco a incarné une spécificité culturelle, comme une sorte de style national. Puis l'irruption du Mouvement moderne aux États-Unis a coïncidé avec la période hégémonique du pays au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Marquées par une sorte de classicisme moderne, quelques métropoles américaines de cette époque sont devenues les capitales du xxe siècle. À partir des années 1970, les incertitudes postmodernes caractérisent une période de doute en rupture avec le classicisme triomphant et l'inébranlable confiance en soi. Le temps n'est plus où l'architecture américaine était considérée comme un miroir de l'avant-garde. L'architecte et théoricien italien Aldo Rossi n'écrit-il pas dans son Autobiographie scientifique (1981) que « nulle part l'architecture moderne n'a échoué comme aux États-Unis. S'il existe une transplantation et une transformation à analyser, il faut les rechercher dans la grande architecture parisienne de la période Beaux-Arts, dans l'architecture académique allemande et naturellement, dans les aspects les plus accomplis de la ville et de la campagne anglaises » ? On ne voit plus les États-Unis seulement comme le théâtre de la vie future et de la modernité, mais aussi comme le lieu de l'implantation à une autre échelle de la culture traditionnelle européenne.

L'architecture coloniale espagnole

Si l'on excepte le patrimoine architectural construit par les Indiens, les premières réalisations sont celles des colons espagnols. Ceux-ci ont adopté certaines techniques locales et les ont associées à des savoir-faire et à des modèles venus de la métropole. L'architecture coloniale espagnole doit son originalité et sa force à cette synthèse, en témoignent les édifices construits sur le territoire devenu ultérieurement l'État du Nouveau-Mexique. Le palais des gouverneurs construit en adobe (brique crue) à Santa Fe entre 1610 et 1614, traduit un emprunt aux techniques indiennes. Si le porche est un élément venu d'Espagne, le toit plat et les poutres apparentes ou vigas appartiennent aux traditions pueblos. Pour les Espagnols, le sud-ouest des futurs États-Unis était surtout un territoire à évangéliser. Instruments de cette conquête, les missions construites au xviie siècle par l'ordre des Franciscains répondent à des impératifs à la fois liturgiques et militaires, comme le montre par exemple la mission d'Acoma, Nouveau-Mexique, consacrée à San Estevan (1629-1642). Le fruit des murs, la façade surmontée de deux tours, la simplification volumétrique des différents corps de bâtiments (église, bâtiments conventuels, dépendances), les surfaces lisses et les toits plats portés par des poutres en bois dont les extrémités forment des saillies apparentes : telles sont quelques-unes des caractéristiques de cette architecture dont le « primitivisme » a trouvé des échos au xxe siècle, par exemple dans la peinture de Georgia O'Keeffe. Cette artiste, mariée au photographe Alfred Stieglitz, séjourne régulièrement au Nouveau-Mexique de 1929 à 1949 et y peint plusieurs missions. Ce style colonial espagnol a fait l'objet de résurgences périodiques dans l'architecture des États de l'Ouest, y compris au xxe siècle.[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

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Médias

Le Capitole à Washington, 2 - crédits : Travelpix Ltd/ Getty Images

Le Capitole à Washington, 2

Robert Venturi et Denise Scott Brown - crédits : George Pohl/ The Architectural Archives ; University of Pennsylvania by the gift of Robert Venturi and Denise Scott Brown

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Fuller Building - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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