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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) L'architecture

Le monumentalisme de l'agence McKim, Mead & White

De grandes agences ont illustré le système des Beaux-Arts : Smithmeyer and Pelz, responsable de l'imposante bibliothèque du Congrès à Washington (1889-1897), ou Carrère and Hastings avec la non moins monumentale bibliothèque publique de New York (1902-1911). Mais l'agence la plus influente dans ce domaine fut incontestablement celle de McKim, Mead and White qui a laissé une forte empreinte à New York et à Boston notamment. Si leur maison William G. Low à Bristol, Rhode Island (1886-1887), unifiée sous un vaste pignon triangulaire est un des chefs-d'œuvre du Shingle Style, ces architectes ont également construit plusieurs maisons de ville comme les Villard Houses à New York (1882-1885) d'inspiration Renaissance. La bibliothèque publique de Boston (1887-1895) est une variation sur la bibliothèque Sainte-Geneviève d'Henri Labrouste à Paris. D'autres bibliothèques ont assuré la notoriété de l'agence : bibliothèque néo-Renaissance J. P. Morgan à New York (1902-1907), bibliothèque Low de l'université Columbia (1893) en forme de rotonde inspirée du Panthéon d'Hadrien. Outre leur participation à l'exposition de Chicago où ils construisent le pavillon de l'agriculture, les architectes ont agrandi le Metropolitan Museum of Art de New York (1904-1920). Le hall de la monumentale Pennsylvania Station à New York (1902-1910, détruite) représentait un avatar contemporain des thermes de Caracalla tandis que les quais étaient couverts d'une gigantesque structure transparente de verre et d'acier d'une surprenante modernité. L'agence a pratiqué un éclectisme à l'éventail largement ouvert allant, selon le souhait des maîtres d'ouvrage, de l'architecture impériale romaine à l'architecture de l'époque coloniale en passant par les différents styles de la Renaissance européenne. Fondée sur une vaste culture et un savoir-faire irréprochable dans le domaine du plan et de la construction, l'œuvre de l'agence McKim, Mead and White, malgré son aspect traditionnel, n'a pas été sans exercer une fascination sur des esprits modernistes. On peut supposer que c'est entre autres à eux que pense Le Corbusier lorsqu'il écrit à propos de New York dans son compte rendu de voyage aux États-Unis en 1937 Quand les cathédrales étaient blanches : « C'est donc à New York que j'apprends à apprécier la Renaissance italienne. On croirait que c'est vrai, tant c'est bien fait. Cela a même une fermeté étrange, nouvelle, qui n'est plus italienne, mais américaine ! »

Malgré les critiques de Lewis Mumford qui dans Sticks and Stones (1924) dénonce les masques et les mensonges des façades « impériales » données aux édifices américains, l'architecture « Beaux-Arts » est restée présente jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, en particulier pour les monuments publics de Washington. Il en est ainsi du Lincoln Memorial (1911-1922) de Henry Bacon, de la National Gallery of Art (1937-1941) et du Jefferson Memorial (1937-1943) par John Russell Pope. Quant à Paul Philippe Cret (1876-1945), architecte d'origine française formé à l'École des beaux-arts et installé aux États-Unis, il a contribué à affirmer l'influence de l'institution parisienne dans l'Amérique de l'entre-deux-guerres. On lui doit entre autres le Detroit Institute of Arts (1919-1927) et, à Washington, la Folger Shakespeare Library (1928-1932).

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

Classification

Médias

Le Capitole à Washington, 2 - crédits : Travelpix Ltd/ Getty Images

Le Capitole à Washington, 2

Robert Venturi et Denise Scott Brown - crédits : George Pohl/ The Architectural Archives ; University of Pennsylvania by the gift of Robert Venturi and Denise Scott Brown

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Fuller Building - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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