- 1. L'architecture coloniale espagnole
- 2. La Nouvelle-Angleterre
- 3. Le XVIIIe siècle georgien
- 4. Autour de l'Indépendance
- 5. Thomas Jefferson, président-architecte
- 6. La nouvelle Athènes
- 7. Le pittoresque
- 8. Le néo-gothique victorien
- 9. La modernité néo-romane de Henry H. Richardson
- 10. L'École des beaux-arts et l'Amérique
- 11. Le monumentalisme de l'agence McKim, Mead & White
- 12. L'École de Chicago
- 13. Louis Sullivan
- 14. Frank Lloyd Wright
- 15. Innovations dans l'habitat californien
- 16. L'architecture Art déco
- 17. Le style international
- 18. Le classicisme du style international d'après guerre
- 19. Le purisme de Mies van der Rohe
- 20. Variations sur le style international
- 21. Les contestations du style international
- 22. Louis Kahn
- 23. Le postmodernisme
- 24. Entre Rome et Las Vegas : Robert Venturi
- 25. Le néo-corbusianisme de Richard Meier
- 26. Philip Johnson et le pluralisme contemporain
- 27. Les architectures du déconstructivisme
- 28. Les derniers feux du postmodernisme
- 29. Vers une nouvelle génération de tours
- 30. L'architecture à l'ère de la mondialisation
- 31. Les suites du 11 septembre 2001 : la difficile gestation d'un projet commémoratif
- 32. Bibliographie
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) L'architecture
Louis Sullivan
Mais c'est Louis Sullivan (1856-1924) qui représente à juste titre la figure dominante de l'École de Chicago. Grand admirateur du poète Walt Whitman, il entend comme lui célébrer dans ses œuvres la démocratie américaine pour tenir à distance l'héritage de l'Europe « féodale ». Son fonctionnalisme résumé dans la célèbre devise « la forme découle de la fonction » (Form follows function) fait l'objet de présentations argumentées dans des publications comme Kindergarten Chats et The Autobiography of an Idea. Associé pendant douze ans (de 1883 à 1895) à l'architecte Dankmar Adler, Sullivan est l'auteur des réalisations les plus originales de l'École de Chicago. L'Auditorium Building (1886-1890) regroupant dans un même édifice un hôtel de luxe, une salle de spectacles et des espaces de bureaux, témoigne de l'admiration de Louis Sullivan pour Henry Richardson : arc néo-roman en plein cintre, textures variées des parements et des bossages de granit et de calcaire, polychromie des matériaux employés, aspect cyclopéen de l'ensemble. À l'intérieur un décor de motifs floraux stylisés et géométrisés apparaît.
Associé à Dankmar Adler, Louis Sullivan s'est particulièrement illustré dans les gratte-ciel. Considérant l'édifice comme un organisme, il le divise en trois parties : base, partie intermédiaire, sommet, correspondant aux trois principales fonctions du bâtiment. Loin d'exprimer l'ossature en acier, il redouble les lignes de force verticales de ses façades par rapport aux travées de la construction. Pour lui le gratte-ciel est jaillissement, surgissement ininterrompu, symbole de l'épopée économique de l'Amérique. Pratiquement dénuée de références historicistes, la décoration organique souvent en terre cuite vernissée ne contredit pas ce parti d'ensemble. Le Wainwright Building (1890-1891) à Saint Louis, Missouri, le Stock Exchange Building (1893-1894) à Chicago et le Guaranty Building à Buffalo, New York (1894-1895), sont autant de variations sur le thème du gratte-ciel fonctionnaliste. Ce corpus d'œuvres, où l'on trouve dans le décor des souvenirs de l'Art nouveau, constitue une expression cohérente de modernité et d'innovation, mais dans le contexte de l'Amérique de 1900 qui tourne ses regards vers le patrimoine européen, la leçon de Sullivan ne fera pas école.
Après avoir construit à Chicago le grand magasin Carson, Pirie et Scott où à la décoration curviligne en fonte du rez-de-chaussée répond la trame régulière des étages (1899-1901), Sullivan se place de lui-même en dehors des circuits de la commande, réservant son talent pour la construction de petites banques agricoles du Middle West (comme la National Farmers' Bank à Owatonna, Minnesota, 1907-1908, ou la Merchants' National Bank à Grinnell, Iowa, 1914). Présenté comme le prophète de l'architecture moderne, il n'a de cesse de jeter l'anathème sur l'architecture académique des Beaux-Arts dont l'exposition de 1893 à Chicago constituait à ses yeux le repoussoir. Cependant, si le style de Sullivan est original, sa vision quelque peu individualiste et romantique de l'architecte l'a placé en porte-à-faux par rapport aux réalités de la commande à l'époque du capitalisme sauvage.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Claude MASSU : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art
Classification
Médias