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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) L'architecture

Louis Kahn

D'origine estonienne, ayant émigré très jeune aux États-Unis, Louis I. Kahn (1901-1974) a reçu sa formation d'architecte à l'université de Pennsylvanie à Philadelphie. Cet enseignement, en particulier celui de Philippe Cret, lui apporte certains principes de l'esthétique des Beaux-Arts comme l'importance du plan dans la conception du projet architectural et le goût des formes classiques. Plusieurs voyages en Europe au cours des années 1950 complètent sa formation. Il admire beaucoup l'œuvre de Le Corbusier et, après avoir lu Vers une architecture, il déclare : « Je vivais dans une cité appelée Le Corbusier. » Bien qu'ayant accédé tardivement à la notoriété, son rôle a été décisif dans la culture architecturale contemporaine.

Première de ses œuvres majeures, les laboratoires Richards sur le campus de l'université de Pennsylvanie à Philadelphie (1957) sont fondés sur le principe de la distinction entre espaces servants et espaces servis. Le rythme vertical et l'alignement de tours en brique et béton évoquent la silhouette de villes médiévales comme San Gimignano en Toscane ou les formes à la fois trapues et élancées de la cathédrale d'Albi qu'il admirait. Louis Kahn fait un emploi subtil de l'histoire de l'architecture, en particulier de l'architecture romaine. Loin d'imiter des motifs, il réfléchit sur certains archétypes qui appartiennent en propre au monde de l'architecture : la colonne, le mur, l'arc, la voûte, les ouvertures, le cylindre, le cube, etc. Louis Kahn a également cultivé une poétique de la lumière, il affirmait qu'un espace qui n'a pas d'éclairage naturel n'a pas d'existence cosmique. Louis Kahn a toujours souligné la nécessité de montrer comment un bâtiment a été construit et comment il est agencé. Pour lui, la structure doit être une force organisatrice et visible du bâtiment, obligeant ainsi l'architecture à opérer un retour sur elle-même en se détournant des modèles extérieurs : le machinisme, la sémiologie, la sociologie de l'habitat, etc. Louis Kahn est en outre l'architecte des institutions : il a la conviction que l'architecture les sert, les incarne et leur donne tout leur rayonnement dans une société démocratique. Ces institutions peuvent être culturelles (bibliothèque de la Phillips Exeter Academy à Exeter, New Hampshire, 1967-1972 ; musée d'art Kimbell à Fort Worth, Texas, 1966-1972 ; centre d'art britannique de Yale à New Haven, Connecticut, 1969-1974), scientifiques (institut de recherches biologiques Salk à La Jolla, Californie, 1959), religieuses (église unitarienne de Rochester, New York, 1962), politiques (siège de l'Assemblée nationale à Dacca au Bangladesh, commencé en 1962), etc. Cette foi dans les institutions le rattache à la période moderniste de l'histoire architecturale.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

Classification

Médias

Le Capitole à Washington, 2 - crédits : Travelpix Ltd/ Getty Images

Le Capitole à Washington, 2

Robert Venturi et Denise Scott Brown - crédits : George Pohl/ The Architectural Archives ; University of Pennsylvania by the gift of Robert Venturi and Denise Scott Brown

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Fuller Building - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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