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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) La littérature

Le Sud

Charleston en ruines - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Charleston en ruines

Des vieilles capitales coloniales comme Charleston à l'Alabama, où viennent mourir les Appalaches et où commence le vrai royaume du coton, des collines de Tennessee à La Nouvelle-Orléans, de Jamestown (Virginie) qui vit le premier établissement anglais dans le Nouveau Monde à l'embouchure du Rio Grande, le Sud ne constitue guère, du point de vue géographique, une seule et même région. De surcroît, il n'a pas toujours été « le Sud », c'est-à-dire un monde à part du reste de l'Union : il l'est devenu au cours de l'histoire (et peut-être ne l'est-il plus aujourd'hui). La Virginie de Washington et de Jefferson avait joué, avec le Massachusetts de John Adams, le tout premier rôle dans la naissance en 1776 de la jeune nation américaine. Ce n'est qu'à partir de 1820 environ que le clivage Nord-Sud commence à apparaître. La Constitution avait laissé dans un certain flou la douloureuse question de l' esclavage ; on espérait que cette institution disparaîtrait d'elle-même avec le temps. Au contraire, l'expansion du « royaume du coton » lui donna un regain de vie. Le compromis dit du Missouri (1820) fait entrer dans l'Union un État esclavagiste (le Missouri) pour un État « libre » (le Maine). Jusqu'ici, la nation s'étendait le long de l'Atlantique selon un axe vertical, du Massachusetts à la Georgie. À partir de 1820, la vieille ligne de démarcation Mason-Dixon, tracée au xviiie siècle par les deux astronomes anglais pour régler, à l'époque, une simple affaire de bornage entre le Maryland et la Pennsylvanie, est virtuellement prolongée jusqu'au Pacifique, divisant le continent selon un axe désormais horizontal : le Nord et le Sud. 1832 peut servir de date repère : la Virginie, sous le choc de la rébellion menée par l'esclave noir Nat Turner, ouvre un débat vite avorté sur l'esclavage ; la même année, avec la fondation à Boston de la revue Le Libérateur, la croisade abolitionniste commence. Le Sud se lance dans la défense et illustration de son « institution particulière » et commence à se construire une identité imaginaire, qui s'effondrera à Appomattox.

Le « vieil Ouest »

Avant d'y venir, il faut rappeler qu'on nomme souvent Sud ce qui, à certains égards, est plutôt l'Ouest. L'épine dorsale des Appalaches prend le continent en biais, du nord-est au sud-ouest. Atlanta, la capitale de la Georgie, est plus à l'ouest que Detroit, La Nouvelle-Orléans que Chicago. Le Sud fut un peu la première Frontière. Plus « sauvage » au xixe siècle que la Nouvelle-Angleterre, il est encore aujourd'hui, en particulier dans ses enclaves montagneuses, une sorte de conservatoire d'un état plus primitif du pays. Le premier des humoristes de ce qu'on appelle le « vieux Sud-Ouest » est Augustus Baldwin Longstreet avec ses Scènes de Georgie (1828-1840). Avocat d'Atlanta, notable, « gentilhomme », Longstreet, en mettant en scène les énergumènes qu'on rencontre dans les « arrière-bois » de sa Georgie natale, veut montrer quelle anarchie menace la nation maintenant que Jackson et sa « racaille » sont à la Maison-Blanche. Il reste que son personnage de Ransy Sniffle fut le prototype de toute une lignée de « pauvres Blancs » violents, escrocs, sadiques, dont le plus célèbre reste le Sut Lovingood ,personnage de George W. Harris, tant aimé de Twain et de Faulkner pour ses frasques sauvages. Cela restera une veine importante de la littérature sudiste : qu'on pense à Erskine Caldwell, au Popeye ou aux Snopes de Faulkner, à Flannery O'Connor, ou même à certaines scènes du Festin nu de William Burroughs, né à Saint Louis, à la lisière du Sud profond. Plus proche de nous, il y a Cormac McCarthy, et ses romans des Appalaches. Ce Sud-là, ce proto-Ouest, est également[...]

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