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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) Le théâtre et le cinéma

Le cinéma contemporain

Dès 1962, la 20th Century Fox, affaiblie par le gouffre financier de Cléopâtre, accuse un déficit record de 40 millions de dollars, tandis que la fréquentation a été plus que divisée par trois depuis 1946, pour un parc de salles réduit de moitié. La crise atteindra son maximum en 1969-1970, après un très provisoire redressement des «  Major Companies » dans la voie ouverte par Darryl Zanuck qui, à peine arrivé à la tête de la Fox, s'était empressé de louer à la télévision un stock de deux cents films. On crie à la fin de Hollywood, mais le pouvoir change simplement de mains. L'intérêt des banques pour le cinéma n'est pas nouveau. Ce qui l'est, c'est que les sept Majors soient convoitées puis contrôlées en l'espace de vingt ans par des conglomérats financiers et industriels pour lesquels le cinéma ne représente qu'une activité parmi bien d'autres, depuis Universal, qui devient en 1962 une branche de Music Corporation of America, jusqu'au rachat de Columbia par Coca-Cola en 1982, en passant par celui de la 20th Century-Fox par le magnat du pétrole Marvin Davis en 1981, puis par l’Australien Rupert Murdoch en 1985, ou, en 1981 encore, la fusion d’United Artists (ruiné par l’échec de Heaven’s Gate/La Porte du Paradis, de Michael Cimino) avec M.G.M. pour constituer M.G.M.-U.A.

Une nouvelle donne économique

Le temps des Goldwyn, Thalberg, Zukor, moguls tyranniques mais aventureux et passionnés, est passé, au profit des purs hommes de finance. L'intérêt des conglomérats se porte ainsi sur les biens immobiliers : dès son arrivée à la Fox en 1981, le magnat du pétrole Marvin Davies envisage le déménagement du studio pour bâtir à son emplacement des immeubles de luxe. L'enjeu est également la filmothèque de chaque firme (43 p. 100 du prix d'achat de Columbia par Coca-Cola), mine d'or pour les télévisions, en particulier depuis l'explosion de la télévision payante par câble et à péage, dès 1972, suivie par le Sony Betamax en 1975, permettant d'enregistrer, puis les vidéocassettes en 1977 (enregistrement et vente). L'importante collection de vidéocassettes Warner Home Video est créée en 1979. Depuis lors, aux États-Unis comme ailleurs, les recettes dites vidéo (surtout DVD) représentent en moyenne plus de 70 p 100 du total des recettes. La donne risque encore de changer avec le développement de la diffusion par téléchargement sur Internet.

Tim Burton - crédits : Vera Anderson/ WireImage

Tim Burton

C'est aussi le vieux modèle de la production des grands studios hollywoodiens qui est remis en cause. United Artists, studio sans studios, employant un minimum de permanents, n'est plus une exception. À la production en série se substitue une politique de films moins nombreux et à gros budget. Chaque production est un « deal », calculé au moindre risque : marketing (dès la préparation du film) et sneak previews (projections tests) se développent. À côté des in-house productions (films entièrement produits par un studio, moins nombreux mais au financement plus lourd), les pickups, dont le studio se contente d'assurer la diffusion, sont montés par un producteur free-lance qui réunit sujet (droits littéraires), scénaristes, stars (représentées par leurs agents), début de financement et réalisateur. S'il conserve une part de l'esprit d'entreprise d'antan, il n'a souvent d'« indépendant » que le nom et demeure entièrement tributaire des décisions des grands studios, qui contrôlent les clés de voûte du système, garanties bancaires et circuits de distribution, sans oublier cette nouveauté des années 1980, reprise des studios Disney, que sont les droits sur les « produits dérivés » : figurines, tee-shirts, pin's, à l'effigie d'E.T. ou de Batman. Chacun des éléments mis en jeu dans le package deal doit désormais être[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Paris-VII
  • : professeure des Universités
  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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Médias

Lincoln Center - crédits : Rohan Van Twest/ The Image Bank/ Getty Images

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<em>Un tramway nommé</em> désir de T. Williams, mise en scène de Lee Breuer - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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Edward Albee - crédits : Jack Mitchell/ Getty Images

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