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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) Les arts plastiques

L'histoire de l'art américain est d'abord celle d'un long combat pour échapper à la tutelle de l'Europe et affirmer son autonomie par rapport aux modèles et aux styles que celle-ci véhiculait. La fondation par Alfred Stieglitz, en 1902, du groupe de la Photo Secession, qui donne toute son importance à un médium encore mésestimé, l'exposition de l'Armory Show à New York en 1913, l'arrivée aux États-Unis, avant puis pendant la Seconde Guerre mondiale, d'artistes fuyant le nazisme et l'Europe en guerre sont autant de moments qui préparent l'affirmation de cet art, avec les critères qui lui sont propres : matérialité, relation inédite à l'espace, sens de l'éphémère. Une nouvelle modernité naît alors. Un pays « sans passé » réussit à créer une culture authentique et vivante, après s'être approprié une partie de la tradition européenne.

Les commencements (XVIIIe-XIXe siècles)

L'histoire des arts plastiques aux États-Unis est marquée en ses débuts par une situation provinciale qui ne s'estompe que partiellement au cours du xixe siècle, et qu'on résume traditionnellement par l'allégeance aux modèles européens, la prédominance de genres mineurs et de styles naïfs ou académiques. Or l'art américain, à cette époque comme souvent par la suite, ne se sépare pas aisément de la vie des images – décoration, estampe, illustration et photographie – où il s'enracine et où sa fonction sociale le ramène. Si les peintres du xixe siècle ont, malgré leur retard sur l'Europe, créé des formes et des pratiques originales, c'est sans doute parce que leur culture démocratique et leur quête d'identité les poussèrent à se distancier ; mais aussi parce que leur peinture était professionnellement et socialement associée au monde des images, à commencer par les reproductions gravées des tableaux de maîtres européens. Inversement, si les illustrateurs et les photographes de cette époque apparaissent aujourd'hui comme des créateurs, c'est parce que, peu inhibés par une institution artistique inexistante, ils ont apporté au dessin ou à la photographie une plus grande liberté. Jusqu'à la fin du xixe siècle, l'art américain reste tributaire de l'art européen, dont les premiers musées commencent à accumuler les œuvres dans le dernier tiers du siècle. Mais les artistes portent une ambition qui triomphera au xxe siècle grâce à l'interaction réussie de l'art savant avec les imageries sociales.

Par contraste avec l'Angleterre ou la Hollande, ses nations parentes, l'Amérique coloniale fut pauvre en peintures et en images publiques. Le puritanisme, réputé méfiant à l'égard des images, n'explique pas seul ce quasi-désert pictural ; celui-ci reflète une économie encore rurale, autarcique et peu marchande. Inversement, là où des formes d'art ont émergé avant 1830, elles traduisent en général les aspirations d'une classe de marchands concentrée dans les premiers centres urbains, Boston, Philadelphie, New York, et d'une aristocratie de planteurs dans le Sud. Ces élites socio-économiques furent en première ligne dans les guerres d'indépendance contre la Grande-Bretagne qui durèrent de 1776 à 1815 – période « révolutionnaire » qui, plus encore qu'en France, stimula la production d'une iconographie civique et commémorative. Ce sont elles aussi qui allaient engendrer les premiers collectionneurs et mécènes, stimulant des pratiques plus ambitieuses, telles que la peinture de paysage. Cependant, l'essor des arts au xixe siècle ne se limite pas aux élites ; par le biais de l'estampe, de la presse et de l'édition illustrées, et surtout, à partir de 1840, de la photographie et de ses dérivés, puis de la chromolithographie, l'art, ou tout du moins l'[...]

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Écrit par

  • : professeur d'art et littérature des États-Unis à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
  • : professeur d'histoire de l'art, École normale supérieure de Lyon, directeur de l'Institut national d'histoire de l'art, Paris
  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'université de Valenciennes, critique d'art, commissaire d'expositions
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Portrait de George Washington, G. Stuart - crédits : Courtesy, Museum of Fine Arts, Boston, États-Unis. William Francis Warden Fund, John H. and Ernestine A. Payne Fund, Commonwealth Cultural Preservation Trust

Portrait de George Washington, G. Stuart

<em>La Course des frères Biglin</em>, T. Eakins - crédits : courtesy National Galery of Art, Washington

La Course des frères Biglin, T. Eakins

<it>Lady Agnew of Lochnaw</it>, J. S. Sargent - crédits :  Bridgeman Images

Lady Agnew of Lochnaw, J. S. Sargent