ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) Histoire des politiques économiques depuis 1945
Capitale | Washington |
Unité monétaire | Dollar des États-Unis (USD) |
Population (estim.) |
331 449 281 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
76 370 $ (2022) |
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le prestige économique et démocratique des États-Unis est immense : leur autoperception, comme l’image qu’ils renvoient à l’extérieur, est celle d’un pays garant des libertés fondamentales, dont la liberté économique n’est pas des moindres. L’hégémonie américaine s’est donc construite sur cette base, nourrie, dans les premières décennies de l’après-guerre, des idéaux du « nouveau libéralisme progressiste » (C. Audard, 2009) – partagés de près ou de loin par les responsables politiques démocrates comme républicains –, qui confère à l’État un rôle social déterminant et en fait le moteur d’une transformation du capitalisme américain garantissant la justice sociale. Pour plus de simplicité, nous utiliserons le terme liberal pour désigner ce courant.
L’érosion de l’hégémonie économique américaine comme les fissures internes que représentent la perte de compétitivité, la désindustrialisation et les tensions sur la répartition des richesses se sont accentuées graduellement au cours des trois dernières décennies du xxe siècle. Diverses lectures peuvent être faites de cette évolution, comme cela sera exposé plus loin. Aucune explication n’est complète et toutes présentent à la fois le danger et l’intérêt des explications propres à la science économique, difficiles à détacher totalement d’une construction idéologique. Si ce trait peut susciter des débats féconds, il donne également à penser que les questions de l’histoire sont sans réponse. Pourtant, la nature même de l’économie est politique, et l’économie des États-Unis de 1945 à nos jours en est une illustration. Du consensus liberalinitial aux contradictions internes croissantes, les modifications successives des conditions économiques épousent les inflexions des choix politiques, et mettent au jour la tension inhérente à la société américaine, entre désir de justice et exaltation de l’effort individuel, entre aversion pour la concentration du pouvoir et conscience de l’importance du collectif.
Nous verrons donc comment les remises en question endogènes – telles que celle du modèle socio-économique d’après-guerre – et exogènes – telles que la transformation des marchés mondiaux induite par la globalisation – mettent en jeu non seulement des mécanismes économiques mais aussi des idées. Peu à peu, les certitudes se sont effacées et l’avènement d’un monde multipolaire engendré par la fin de la guerre froide et par l’émergence de nouvelles puissances économiques, notamment la Chine, a replacé les États-Unis à l’intérieur d’un vaste réseau mondial d’interdépendance au sein duquel ce pays n’est plus en position dominante.
Au cours des deux premières décennies du xxie siècle, qu’il s’agisse de la crise financière de 2008 ou de celle liée à la pandémie de Covid-19 en 2020, les modèles de croissance des grandes économies capitalistes et les conditions d’exercice de la démocratie ont été ébranlés ; les États-Unis n’ont pas fait exception, notamment durant le mandat, pour le moins mouvementé, du président Donald Trump.
Le parachèvement du New Dealet la consolidation de l’hégémonie
Bilan économique au sortir de la guerre
Conformément à la volonté du président Franklin D. Roosevelt, qui souhaitait que l’Amérique devînt le « grand arsenal de la démocratie », un effort de guerre massif est déployé à partir de 1941. La conversion de l’économie américaine en économie de guerre prend la forme d’une « économie mixte », où « l’État fédéral fortement interventionniste – le big government – collabore avec les grandes entreprises – le big business – et les syndicats les plus influents – le big labor », selon l’expression de l’historien André Kaspi. Parallèlement au creusement des déficits induits par l’engagement[...]
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Écrit par
- Ruxandra PAVELCHIEVICI : maître de conférences, université Côte d'Azur, Nice
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Médias